L’essor du marché du smart building est largement enclenché selon l’étude Xerfi Innov. Le chiffre d’affaires cumulé des spécialistes du smart building a en effet doublé entre 2014 et 2019. Les solutions connectées se multiplient dans les bâtiments tertiaires avec trois objectifs majeurs : améliorer l’efficacité énergétique, simplifier l’exploitation et assurer le confort des occupants. Mais il s’agit d’un développement en ordre dispersé, lié notamment à l’irruption de nombreuses start-up et aux innovations foisonnantes des équipementiers. Cette offre prolifique se révèle encore peu structurée et le smart building 3.0 organisé d’un système d’exploitation central, le BOS, émerge tout juste. La crise complique également la maturation de ce marché, car elle risque de frapper durablement l’immobilier tertiaire et de ralentir le rythme des nouveaux projets innovants dans ce domaine.
La diversité des applications se retrouve dans le paysage concurrentiel très éclaté du smart building. Matériaux de construction exceptés, la plupart des acteurs de la filière du bâtiment y sont actifs. Le hic, c’est que les technologies numériques dans le bâtiment favorisent la captation d’une part croissante de la valeur des constructions et des services par les acteurs maîtrisant le mieux ces technologies. Il s’agit des grands équipementiers comme Siemens, Schneider Electric ou ABB, des start-up technologiques et des champions du cloud et des plateformes IoT comme Microsoft ou Amazon. Malgré tout, des solutions clés en main ont émergé. Elles sont le résultat de partenariats technologiques et commerciaux entre des acteurs hétérogènes, chacun doté de savoir-faire spécifiques autour du smart building et réunis au sein d’écosystèmes d’affaires. Des écosystèmes qui désormais se livrent une concurrence frontale pour devenir le standard technologique. Au sein de chaque écosystème, les acteurs se battent soit pour s’imposer en chef d’orchestre soit pour y jouer un rôle clé et ainsi capter une plus grande part de la valeur créée par l’ensemble des intervenants.
Dans un tel contexte, l’interopérabilité des solutions qui composent une offre de smart building devient primordiale. Les opérateurs abandonnent peu à peu les technologies propriétaires pour favoriser les solutions ouvertes et ainsi collaborer plus efficacement au sein de chaque écosystème. Partenariats et rachats permettent aussi aux entreprises historiques du bâtiment de rapidement acquérir de nouveaux savoir-faire. Les acteurs du smart building investissent également pour intégrer la valeur verte et d’usage des immeubles de bureaux, à mesure que les bâtiments vertueux écologiquement et que les nouvelles solutions de bureaux « flexibles » issues du télétravail et des confinements deviennent la nouvelle norme. En quête de rentabilité et de relais de croissance, les équipementiers et les acteurs de la construction s’engagent également dans une transition de leur modèle d’affaires vers le serviciel. Ce changement de paradigme favorise le lissage des revenus et une moindre exposition aux cycles conjoncturels. Une forme de sécurité dans un marché bousculé par la crise sanitaire et économique…
Publié le mardi 08 décembre 2020 . 3 min. 19
Les dernières vidéos
Mutation digitale
Les dernières vidéos
d'Alexandre Boulègue
LES + RÉCENTES
LES INCONTOURNABLES