Le marché des ouvrages de tonnellerie face aux mutations de la demande mondiale
Publié le jeudi 20 février 2020 . 3 min. 17
Les tonneliers français sont-ils en train de perdre pied ? Certes, l’Hexagone totalise encore plus de la moitié des exportations mondiales d’ouvrages de tonnellerie. Le pays fournit notamment les principaux producteurs de vins et de whisky, en particulier les États-Unis, l’Espagne et l’Australie. Certes, les tonneliers tricolores profitent des efforts de montée en gamme des producteurs de vins et de spiritueux. Ces derniers cherchent à séduire les classes sociales aisées des économies émergentes avec des alcools de luxe qui vieillissent en fût. Dans ce contexte porteur, les tonneliers présents en France enregistrent une progression régulière de leur activité. Entre 2011 et 2019, leur chiffre d’affaires a augmenté de plus de 6% par an.
Mais la filière française doit aujourd’hui résister à la percée des concurrents implantés aux États-Unis, en Espagne et en Europe de l’Est. Ces pays profitent en effet d’un savoir-faire de plus en plus reconnu et de matières premières moins onéreuses, notamment le chêne. Paradoxalement, cette concurrence est en partie alimentée par de grands groupes français de tonnellerie comme les groupes TFF, Charlois ou Chêne et Cie. Ces acteurs y ont en effet ouvert des sites de production pour abaisser leurs coûts, profiter si possible d’une main-d’œuvre meilleure marché et ainsi améliorer leur compétitivité-prix sur l’échiquier international. Car le prix — sans être décisif — devient un critère important pour les clients. Preuve de cette évolution de la demande, un nombre toujours plus élevé de vignerons français achètent leurs tonneaux à l’étranger. Et les chiffres ne mentent pas : les importations de tonneaux ont triplé depuis 2010 tandis que les exportations des entreprises localisées en France ont progressé moins vite que celles des concurrents étrangers. Bref, le made in France a perdu des parts de marché à l’international.
Pour conserver leur leadership, les tonneliers tricolores investissent dans la R&D. Il s’agit par-là de séduire les producteurs de vin friands d’ouvrages originaux. À cette fin, Seguin Moreau et Galileo Tanks ont conçu une cuve en bois parfaitement sphérique pour améliorer le processus de vinification. Ils sont également à l’origine d’une cuve sphérique en béton rotative. De son côté, la Tonnellerie Sylvain a mis au point un tonneau spécifiquement dédié aux vignerons engagés en biodynamie. Le tonnelier surfe ainsi sur le regain d’intérêt de cette pratique ancestrale, associé à la recherche d’authenticité des consommateurs. Cette authenticité se retrouve également dans l’image de marque que les professionnels cherchent à entretenir. Pour se démarquer face aux nouvelles formes de concurrence, la plupart valorise leur savoir-faire au travers de labels. Certains, comme la Tonnellerie de Champagne-Ardenne, ont même créé des espaces de visite ouverts au public. La course à la taille est également d’actualité. Mais ce n’est pas pour réaliser des économies d’échelle car le métier demeure encore éminemment artisanal. Non, c’est plutôt pour améliorer leur pouvoir de marché face à leurs fournisseurs… Et cela fonctionne semble-t-il au vu de l’amélioration très nette des marges des acteurs.
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