Les perspectives de rebond du capital-investissement à l’horizon 2022
Publié le mercredi 2 décembre 2020 . 3 min. 30
La crise a stoppé net la dynamique du capital-investissement en France. Désormais, de nombreux risques planent sur la profession selon l’étude Xerfi-Precepta, à commencer par les probables effets de second tour liés à l’envolée inédite de l’endettement des entreprises. Et les stop and go de l’économie risquent sans doute de ne pas arranger les choses… Certes, le plan de relance devrait jouer un rôle amortisseur de la crise en 2021 alors que le « quoi qu’il en coûte » gouvernemental doit permettre de passer le moins mal possible la tourmente actuelle. Mais il ne faut pas se voiler la face : les incertitudes sont extrêmes, la visibilité sur la conduite des affaires nulle et la rentabilité des entreprises sous haute pression… surtout pour les secteurs d’activité mis sous cloche par les mesures sanitaires. De quoi refroidir les acteurs du private equity… Les résultats du premier semestre 2020 donnent le ton et la plupart des indicateurs sont en recul comme les levées de fonds ou les investissements des sociétés de capital-investissement.
Pour autant, le bilan est loin d’être désastreux. Les contreperformances restent en effet à ce jour très loin de ce qui avait pu être observé lors de la crise des subprimes. Les réserves de cash des fonds, elles, atteignent des records, fruits de levées de fonds passées… et présentes. La preuve avec le leader français Ardian qui a annoncé mi-septembre 2020 le closing final de son fonds Expansion V en 6 mois seulement, à 2 Md€, soit deux fois plus que pour le précédent millésime. Au-delà, le private equity va devoir piloter son activité sur la base de différentes temporalités. Sur le long terme, les gérants vont devoir préserver leurs investissements passés, créer de la valeur et faire la preuve de leur capacité à générer de la performance s’ils veulent pouvoir mener à bien leurs prochaines levées de fonds. À plus court terme, il va leur falloir opérer de nouveaux investissements performants et « dépenser les fonds disponibles » alors que le nombre de deals se tarit. Bref, un véritable numéro d’équilibriste…. Mais c’est aussi pendant les crises que le private equity réalise en général ses meilleures opérations, c’est-à-dire lorsque la valorisation des entreprises recule... ce qui est déjà le cas.
Sur un tout autre plan, la crise sanitaire marquera aussi de son empreinte la structure concurrentielle du capital-investissement en alimentant une course à la taille. En effet, les souscripteurs, plus prudents et sélectifs privilégient en temps de crise les fonds installés, avec lesquels ils entretiennent des relations de longue durée, et ayant une certaine envergure. Cette course à la taille s’est déjà notamment traduite par des rapprochements, acquisitions et autres partenariats financiers qui ont fait émerger de véritables plateformes, positionnées non seulement dans tout l’univers du private equity, mais aussi dans d’autres classes d’actifs : immobilier, dette privée, infrastructures… L’année 2020 n’a pas dérogé et six nouvelles opérations ont été recensées sur les dix premiers mois de l’année. Cette compétition, à laquelle participent des acteurs petits ou grands, n’en demeure pas moins très relative, car spécifique à chaque acteur.
Finalement, les structures du capital-investissement les plus résilientes, et ce quelle que soit leur taille, seront celles qui auront su choisir un terrain de bataille pertinent au regard de leur modèle et de leurs avantages concurrentiels.
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