La descente aux enfers financière de X (ex-Twitter)

Depuis son acquisition pour 44 milliards de dollars en octobre 2022, Twitter, rebaptisé X, a connu une transformation radicale sous l’impulsion d’Elon Musk. Ce qui devait devenir une « super app » à la chinoise est aujourd’hui un cas d’école de destruction de valeur dans l’univers numérique.

Un effondrement publicitaire sans précédent

Au moment du rachat, Twitter générait environ 4,5 milliards de dollars de revenus publicitaires annuels. Fin 2023, ce chiffre tombe à 2,5 milliards, soit une chute de 45 % en un an. En 2024, la tendance se poursuit malgré une timide reprise, avec des revenus publicitaires mondiaux estimés à 2,26 milliards de dollars, selon eMarketer.

Les marques fuient la tempête idéologique

La cause ? Le départ massif des annonceurs, parmi lesquels Apple, Disney, IBM ou encore Coca-Cola, fuyant une plateforme devenue instable et toxique. Les marques ne veulent plus être associées à des contenus complotistes, haineux ou désinformants, largement facilités par la dérégulation voulue par Musk.

Des effectifs sacrifiés, une dette colossale

Musk a réduit les effectifs de X de 7 500 à moins de 1 500 employés, soit une coupe de 80 %. Officiellement pour "réduire les coûts", mais avec pour effet une chute brutale de la qualité de service, du support et de la modération.

Une dette écrasante et une rentabilité fragile

Dans le même temps, X doit supporter une dette de 13 milliards de dollars, générant plus de 1 milliard d’intérêts annuels. En janvier 2025, Musk admet dans une note interne que l’entreprise atteint « tout juste le seuil de rentabilité ».

Valorisation divisée par trois malgré une fusion IA

En mars 2025, Musk tente un coup de poker en fusionnant X avec sa société d’intelligence artificielle xAI. Objectif : intégrer le chatbot Grok à la plateforme et relancer l’intérêt. Résultat : une valorisation révisée à 33 milliards de dollars, contre les 44 milliards d’achat, soit -25 %, et encore très loin des 60 milliards que Musk ambitionnait.

Des utilisateurs qui désertent

Entre août 2024 et avril 2025, X a perdu plus de 11 millions d’utilisateurs en Europe, soit une baisse de 10,5 %, particulièrement marquée en France, Allemagne et Pologne. Les figures publiques, institutions et journalistes s’éloignent d’une plateforme jugée imprévisible, voire dangereuse.

La mégalomanie ne fait pas un modèle économique

X est devenu le laboratoire à ciel ouvert des intuitions d’Elon Musk. Mais derrière l’ambition affichée de bâtir une "super app", c’est surtout une démonstration brutale : une plateforme sociale ne se pilote ni comme une start-up ni comme une croisade idéologique. Réseaux mal modérés, annonceurs fuyants, utilisateurs désabusés, dette abyssale : Musk a transformé Twitter en un jouet coûteux, instable, et désormais marginalisé dans l’écosystème numérique mondial. L’avenir de X ne dépend plus de sa technologie, mais de la capacité de son propriétaire à redevenir un stratège — et non un provocateur.