Quels managers en temps de crise ?

Nous vivons une époque où les crises ne sont plus des exceptions, mais notre nouvelle normalité. Crises financières, économiques, climatiques, sanitaires, démographiques : elles s'entremêlent, se superposent, créant un environnement d'une complexité sans précédent pour nos organisations.

Soyons francs : le temps des managers « de temps de paix » est révolu. Ces gestionnaires qui se contentent de reproduire les bonnes pratiques, qui se contentent d'exploiter l'existant... ils appartiennent à une époque plus stable, plus prévisible.

Ce management que nous pourrions appeler « flou » - né de la peur de prendre des initiatives, de s'engager - est devenu toxique. Il anesthésie les équipes, étouffe l'innovation, et paralyse l'organisation face aux défis contemporains. Plus que jamais, il nous faut des managers de temps de crise et non des managers de temps de paix qui n’apportent pas de réelle valeur ajoutée.

Pour en parler, revenons à l’origine du mot crise qui signifiait en grec ancien passer au crible, au sens le plus concret de séparer des grains.

En 1976, Edgar Morin s’interrogeant sur ce qu’était une crise écrivait : « À l’origine, krisis signifie décision : c’est le moment décisif dans l’évolution d’un processus incertain qui permet le diagnostic. Aujourd’hui, crise signifie indécision : c’est le moment où, en même temps qu’une perturbation surgissent les incertitudes. »

L’acception de “crise” comme une période inattendue ou situation intenable, s’est imposée au 14ème siècle par le biais de l’univers médical. Elle signifiait alors un changement brutal de l’état de santé d’un patient.

Si l’on s’en tient à la première définition de krisis comme décision, alors le rôle même du manager est d’être un manager de temps de crise. Car manager, c’est avant tout décider.

Quand tout va bien, un manager de temps de paix fait l’affaire. Il gère le rythme de croisière, et se repose sur l’existant.
Quand les situations se dégradent et qu'elles poussent à sortir des zones de confort, il faut un chef qui montre la direction, qui sache jouer avec le temps et qui décide quand il estime que c'est le bon moment.

Face à des événements contraires, les managers flous restent des surfeurs qui sont rapidement engloutis par des vagues trop hautes pour eux. Qu’on se le dise : les managers de temps de paix ne sont pas des managers de temps de guerre !
Alors, en temps de crise, de quel type de manager avons-nous besoin ?

Nous avons besoin de véritables leaders qui :

Osent trancher dans l'incertitude ;
Créent une « autorité de projet », comme le soulignait le philosophe français Alexandre Kojève ;
Montrent une direction claire tout en inspirant confiance.

Et non pas des managers flous qui se contentent d'accompagner l'activité de leur équipe, mais de vrais chefs qui ont toutes les qualités pour « cheffer » !

La réalité est claire : dans un monde de crises permanentes, la survie et la prospérité de nos organisations dépendent de notre capacité à prendre des décisions éclairées, même dans l'incertitude.

Car comme nous le rappellent la genèse et l’évolution du mot « crise », les périodes troublées ne sont pas seulement des moments de chaos - elles sont des moments décisifs où se forgent les succès de demain.

La question n'est plus de savoir si nous aurons à affronter des crises, mais si nous avons les leaders capables de les transformer en opportunités.