La transition climatique est l’un des plus grands défis du siècle. Les entreprises, conscientes de leur rôle clé dans cette transformation, investissent massivement pour s’adapter aux nouvelles normes environnementales. Cependant, cet engagement est souvent menacé par un facteur sous-estimé : l’instabilité décisionnelle des pouvoirs publics. Dans un contexte où l’alignement entre régulations et stratégie d’entreprise est crucial, la stabilité devient un impératif pour réussir cette transition.
Les entreprises, pour aligner leur stratégie sur des objectifs climatiques, se trouvent face à un dilemme. Elles sont incitées à investir dans des technologies propres, des infrastructures vertes et des pratiques durables. Cependant, lorsque les décisions politiques fluctuent, ces investissements se retrouvent en danger. Un exemple typique est celui des ZFE (Zones à Faibles Émissions), où des entreprises investissent dans la modernisation de leur flotte pour se conformer aux normes. Si ces mesures sont reportées ou modifiées, les entreprises se retrouvent avec des investissements à risque, et l’incitation à poursuivre s'effondre.
La transition écologique repose sur une équation délicate entre productivité et durabilité. Les entreprises doivent non seulement réduire leur empreinte carbone, mais également rester compétitives. Cet arbitrage entre investissements massifs dans des processus plus verts et le besoin de maintenir des marges serrées nécessite des règles de jeu claires et stables. En d'autres termes, sans une politique publique constante, le risque de voir ces efforts stagner, voire échouer, est réel. L'instabilité freine l’innovation, car les entreprises hésitent à prendre des risques dans un cadre mouvant.
Lorsque les pouvoirs publics introduisent de nouvelles régulations climatiques, ils augmentent la perception du risque financier. Plus un investissement est risqué, plus la rentabilité attendue doit être élevée pour justifier sa mise en œuvre. Cependant, si les pouvoirs publics modifient fréquemment leurs priorités, ce rapport entre risque et rentabilité devient flou. Les entreprises perdent confiance et freinent leurs investissements, menaçant la réussite de la transition. Cette instabilité impacte également la crédibilité des pouvoirs publics, et réduit leur capacité à entraîner les acteurs privés dans des efforts communs.
La transition climatique est une course contre la montre qui exige un alignement stratégique entre le secteur privé et les décideurs publics. Si les entreprises sont prêtes à investir dans des solutions durables, elles ne peuvent le faire qu’avec la garantie d’un cadre stable et prévisible. Sans cette stabilité, les efforts risquent de se diluer, au détriment de l'environnement et de la compétitivité des entreprises. Pour réussir la transition écologique, l’État doit devenir un pilier de stabilité, offrant aux entreprises le soutien dont elles ont besoin pour avancer en toute confiance.
Références :
• https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques/zones-faibles-emissions-zfe
• https://www.lemonde.fr/archives/article/1998/11/10/le-delicat-mariage-des-investissements-publics-et-prives_3690483_1819218.html
• Anthony, R. N. (1965). Planning and Control Systems: A Framework for Analysis. Division of Research, Harvard Business School, Boston.
Publié le mardi 29 octobre 2024 . 3 min. 25
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