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Pourquoi, dans un environnement où le discours de l’autonomie et de l’épanouissement personnel domine, acceptons-nous si souvent des conditions de travail qui entravent notre liberté? Cette question fait écho à une réflexion très puissante du meilleur ami de Montaigne, Etienne de La Boétie, dans son ouvrage Discours de la servitude volontaire publié en 1576 alors que ce dernier n’avait que 18 ans. Ce livre part de l’observation que la soumission n’est la plupart du temps pas imposée par la force, mais volontaire. Si tel n’était pas le cas, comment pourrions-nous comprendre qu’un petit nombre contraigne l’ensemble des autres citoyens à obéir aussi servilement. La question est donc de savoir pourquoi les hommes sont prêts à accepter de façon volontaire leur propre soumission ? Cette interrogation résonne avec une acuité particulière dans le monde de l’entreprise, même s’il prend le plus souvent le nom de consentement. C’est un mécanisme qui ne se manifeste pas par des chaînes visibles, mais par des dynamiques insidieuses, où les individus adhèrent à des normes qui les desservent parfois même, si elles prennent les atours de la liberté. Le consentement repose sur une promesse : celle de l’autonomie. Les organisations valorisent la responsabilisation des employés, la flexibilité et l’épanouissement individuel. Pourtant, les salariés, censés être libres, se retrouvent le plus souvent enfermés dans cadre très contraint d’objectifs à atteindre, d’attentes implicites et d’une culture de la performance qui ne laisse que peu de place à la véritable autonomie. Car comme le rappelle La Boétie, il est nécessaire d’ensorceler les hommes pour qu’ils acceptent avec plaisir leur servitude. D’où le fait que l’illusion d’être maître de son destin masque souvent une aliénation subtile, où les choix sont contraints par des injonctions extérieures.


Le consentement au travail repose également sur des normes sociales puissantes. La culture d’entreprise, les pratiques managériales et les rituels professionnels créent un cadre dans lequel il devient difficile de remettre en question le statu quo. L’adhésion volontaire à ces codes est essentielle au fonctionnement de l’organisation, mais elle s’accompagne parfois d’une acceptation passive de situations injustes ou préjudiciables. Nous finissons par considérer les réunions inutiles, les heures supplémentaires non reconnues, et l’hyperconnexion comme des phénomènes normaux ou inévitables. La Boétie décrivait ce phénomène lorsqu’il évoquait la servitude comme une habitude, une routine si bien ancrée que l’on finit par ne plus la voir. En entreprise, le consentement se construit aussi par cette accoutumance à des pratiques qui, à force d’être répétées, paraissent naturelles. Une autre dimension fondamentale du consentement est évidemment la peur : peur de perdre son emploi, peur du jugement des pairs, peur de l’isolement. La Boétie l’avait bien compris lorsqu’il dit  que « le tyran n’est grand que parce que nous sommes à genoux ». De même, en entreprise, l’autorégulation des individus, motivée par la crainte de perdre ce qu’ils possèdent, joue un rôle clé dans le maintien de la hiérarchie. Et ne sous estimons pas le rôle des avantages matériels (salaire, primes, statut social) et immatériels (reconnaissance, sentiment d’appartenance). Afin de conserver ces privilèges, nous finissons tous par consentir à des situations qui vont parfois à l’encontre de nos intérêts. C’est d’ailleurs le propre de la tyrannie de soumettre les esprits au dieu confort en nous promettant le maintien d’une situation de confort matériel, social ou psychologique au prix de notre liberté. Or la liberté ne se conquiert pas par la violence, mais par une capacité à questionner les pratiques en place, à remettre en cause les normes implicites et à revendiquer une véritable autonomie.


Publié le vendredi 21 février 2025 . 4 min. 15

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