Dans l’imaginaire collectif la lecture est souvent perçue comme un rempart contre l’endoctrinement. Lire beaucoup, être cultivé, être à l’affût des grands penseurs : tout cela serait censé élever notre esprit, aiguiser notre esprit critique et nous immuniser contre les manipulations. Pourtant, comme l’a montré le penseur iconoclaste Jacques Ellul dès les années 60 dans ses travaux sur la propagande, il faut se méfier de cette croyance infondée qui n’est qu’un vœu pieu.
L’idée paradoxale qu’il défend est que la culture et la lecture, loin de nous protéger, peuvent même nous rendre plus vulnérables à la propagande. Pourquoi ? Parce qu’elles ne suffisent pas à elles seules à développer un esprit critique. Pire, elles peuvent créer une illusion de supériorité intellectuelle qui nous rend moins attentifs aux stratégies insidieuses des manipulateurs.
Le premier danger consiste à croire que notre culture nous place hors de portée de la propagande. Cette illusion est particulièrement prégnante chez les élites intellectuelles, qui considèrent souvent la propagande comme une arme destinée à manipuler les masses. Ellul montre que la propagande touche d’autant plus facilement ceux qui se croient au-dessus d’elle.
Pourquoi ? Parce que ces individus ont tendance à se penser rationnels et bien informés. Cette confiance excessive dans leur propre jugement les rend moins susceptibles de remettre en question les informations auxquelles ils sont exposés, surtout lorsqu’elles émanent de sources qu’ils considèrent comme légitimes. En somme, la culture peut devenir un piège : elle renforce l’idée que l’on sait et que l’on comprend, alors qu’elle ne nous donne pas toujours les outils pour décoder les mécanismes de manipulation.
Mais Ellul va plus loin en expliquant que la propagande moderne ne s’attaque pas aux incultes ; elle s’adresse précisément à ceux qui lisent, qui écoutent, qui cherchent à comprendre le monde. Pourquoi ? Parce que ces publics ont besoin de donner un sens à ce qu’ils vivent. Et quoi de mieux qu’un discours bien ficelé, porteur de sens, pour capturer leur attention ? La propagande ne se présente jamais comme une simple somme d’ordres ou de slogans creux. Elle utilise des récits complexes, des figures historiques, des concepts philosophiques qui résonnent avec les aspirations des individus dits cultivés. Ces derniers, en quête de cohérence et de repères, sont alors enclins à adhérer à des discours qui paraissent intellectuellement solides. Un autre point soulevé par Ellul renvoie à la différence entre lire et comprendre. La lecture passive, qui consiste à absorber des informations sans les analyser, ne nous protège pas de la propagande. Au contraire, elle nous expose y davantage. Lire un livre, même complexe, n’implique pas automatiquement une réflexion critique sur son contenu. Rien de pire donc que la culture vitrine, sorte de listes de références et de citations, mais sans impact réel sur notre capacité à analyser les discours qui nous entourent. En ce sens, être cultivé ne nous équipe pas nécessairement contre la manipulation.
Si la culture et la lecture ne suffisent pas, qu’est-ce qui peut alors nous protéger de la propagande si ce n’est un esprit critique actif. Cela implique de ne jamais prendre les informations pour argent comptant, même lorsqu’elles viennent de sources respectées ou de figures d’autorité.
Il ne s’agit pas de sombrer dans le cynisme ou le complotisme, mais d’apprendre à poser des questions. Qui parle ? Dans quel intérêt ? Avec quel objectif ? Ces interrogations doivent accompagner chaque lecture, chaque discours, chaque information. C’est en adoptant cette posture critique que l’on peut commencer à déceler les stratégies de manipulation, aussi subtiles soient-elles.
Ainsi, la lecture et la culture ne sont pas des boucliers automatiques contre la propagande. Elles sont des outils certes, mais leur efficacité dépend de la manière dont on les utilise. C’est pourquoi il importe d’aller au-delà d’une simple consommation culturelle pour entrer dans une posture active, critique, et engagée. Car, comme le rappelle Ellul, la véritable libération intellectuelle ne vient pas de ce que l’on sait, mais de ce que l’on est capable de questionner.
L’idée paradoxale qu’il défend est que la culture et la lecture, loin de nous protéger, peuvent même nous rendre plus vulnérables à la propagande. Pourquoi ? Parce qu’elles ne suffisent pas à elles seules à développer un esprit critique. Pire, elles peuvent créer une illusion de supériorité intellectuelle qui nous rend moins attentifs aux stratégies insidieuses des manipulateurs.
Le premier danger consiste à croire que notre culture nous place hors de portée de la propagande. Cette illusion est particulièrement prégnante chez les élites intellectuelles, qui considèrent souvent la propagande comme une arme destinée à manipuler les masses. Ellul montre que la propagande touche d’autant plus facilement ceux qui se croient au-dessus d’elle.
Pourquoi ? Parce que ces individus ont tendance à se penser rationnels et bien informés. Cette confiance excessive dans leur propre jugement les rend moins susceptibles de remettre en question les informations auxquelles ils sont exposés, surtout lorsqu’elles émanent de sources qu’ils considèrent comme légitimes. En somme, la culture peut devenir un piège : elle renforce l’idée que l’on sait et que l’on comprend, alors qu’elle ne nous donne pas toujours les outils pour décoder les mécanismes de manipulation.
Mais Ellul va plus loin en expliquant que la propagande moderne ne s’attaque pas aux incultes ; elle s’adresse précisément à ceux qui lisent, qui écoutent, qui cherchent à comprendre le monde. Pourquoi ? Parce que ces publics ont besoin de donner un sens à ce qu’ils vivent. Et quoi de mieux qu’un discours bien ficelé, porteur de sens, pour capturer leur attention ? La propagande ne se présente jamais comme une simple somme d’ordres ou de slogans creux. Elle utilise des récits complexes, des figures historiques, des concepts philosophiques qui résonnent avec les aspirations des individus dits cultivés. Ces derniers, en quête de cohérence et de repères, sont alors enclins à adhérer à des discours qui paraissent intellectuellement solides. Un autre point soulevé par Ellul renvoie à la différence entre lire et comprendre. La lecture passive, qui consiste à absorber des informations sans les analyser, ne nous protège pas de la propagande. Au contraire, elle nous expose y davantage. Lire un livre, même complexe, n’implique pas automatiquement une réflexion critique sur son contenu. Rien de pire donc que la culture vitrine, sorte de listes de références et de citations, mais sans impact réel sur notre capacité à analyser les discours qui nous entourent. En ce sens, être cultivé ne nous équipe pas nécessairement contre la manipulation.
Si la culture et la lecture ne suffisent pas, qu’est-ce qui peut alors nous protéger de la propagande si ce n’est un esprit critique actif. Cela implique de ne jamais prendre les informations pour argent comptant, même lorsqu’elles viennent de sources respectées ou de figures d’autorité.
Il ne s’agit pas de sombrer dans le cynisme ou le complotisme, mais d’apprendre à poser des questions. Qui parle ? Dans quel intérêt ? Avec quel objectif ? Ces interrogations doivent accompagner chaque lecture, chaque discours, chaque information. C’est en adoptant cette posture critique que l’on peut commencer à déceler les stratégies de manipulation, aussi subtiles soient-elles.
Ainsi, la lecture et la culture ne sont pas des boucliers automatiques contre la propagande. Elles sont des outils certes, mais leur efficacité dépend de la manière dont on les utilise. C’est pourquoi il importe d’aller au-delà d’une simple consommation culturelle pour entrer dans une posture active, critique, et engagée. Car, comme le rappelle Ellul, la véritable libération intellectuelle ne vient pas de ce que l’on sait, mais de ce que l’on est capable de questionner.
Publié le lundi 24 février 2025 . 4 min. 47
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