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Êtes-vous vraiment prêts à consommer autrement ?

Publié le jeudi 3 juin 2021 . 5 min. 13

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Notre société privilégie la consommation par rapport à d’autres priorités de la vie sociale (la solidarité, le bien vivre ensemble, l’amitié). Comme si elle était une finalité de l’existence. S’il y a bien une chose sur laquelle tout le monde s’accorde aujourd’hui, c’est que le fonctionnement d’une telle société n’est pas compatible avec la prise en compte des objectifs de respect de la planète et des ressources naturelles. La consommation n’a pas seulement la fonction économique à laquelle on la réduit trop souvent. Il faut également prendre en compte sa dimension écologique ainsi que sa dimension politique, dans la mesure où la consommation affecte la vie de la polis, la vie de la cité. Mais, force est de constater que la consommation n’a jamais été, en France, un sujet politique à proprement parler. Elle est souvent traitée dans une logique électoraliste du seul point de vue du pouvoir d’achat et de la relance économique. Il n’y a par exemple jamais eu de ministère de la Consommation et le fugace secrétariat d’État a vécu. Consommer ne se réduit pas au seul fait de faire ses courses et à la seule question du pouvoir d’achat. La consommation induit des questions liées aux relations marchandes. Que consomme-t-on ? Pourquoi ? En quelle quantité ? À quelle fréquence ? Avec qui ? À la place de quoi ? Mais la sphère de la consommation s’est à ce point élargie qu’elle couvre aujourd’hui la plupart des dimensions de la vie sociale et intime.


Nous avons tous conscience du fait qu’il faut nécessairement changer de modèle de consommation. Mais sommes-nous pour autant prêts à le faire ? Sommes-nous effectivement prêts à abandonner une vie confortable, l’accès à tous les biens de façon quasi instantanée, le recours systématique aux soldes, etc. ? Rien n’est moins sûr. Les discours moralisateurs n’ont que peu d’effets sur les changements de comportements, pas plus d’ailleurs que les discours apocalyptiques. On parle d’éthique de le consommation mais sommes-nous prêts à abdiquer une certaine forme de confort matériel pour défendre le bien-être des génération futures ? Et après tout, pourquoi changerions-nous ?


En admettant que nous nous comportons de façon rationnelle et que même notre irrationalité est prévisible (et donc en partie rationalisable), n’oublions pas que nous n’agissions pas toujours dans le sens de notre intérêt. La rationalité des individus est souvent remise en cause par ce qu’on appelle l’acrasie – le fait de prendre des décisions qui vont à l’encontre de son propre intérêt. Les Grecs distinguaient l’akrasia, l’intempérance et la faculté de succomber aux tentations, et l’enkrateia, la tempérance, qui s’exprime dans le fait de suivre son meilleur jugement malgré les tentations. Aristote avait déjà compris que le domaine de l’intempérance concerne essentiellement le goût, le toucher, le plaisir et les appétits, c’est-à-dire ce que nous appelerions la consommation. L’acrasie renvoie au fait que l’on peut parfois se conduire comme si l’on avait deux soi : l’un veut des poumons sains et une longue vie, et l’autre ne peut s’empêcher de fumer un paquet par jour ; l’un veut un corps svelte et l’autre ne peut résister à la moindre pâtisserie, etc. On peut appeler cela la faiblesse de la volonté ou le fait d’agir contre son propre intérêt, peu importe. Cela montre que l’être humain est paradoxal et qu’il doit constamment négocier entre des passions et sa raison, son intérêt et celui d’autrui. Seule la pensée complexe peut nous aider à comprendre les paradoxes de nos comportements d’achat et de consommation. Et la morale n’a rien à voir dans cette histoire. Il ne sert à rien de vouloir culpabiliser le consommateur sur ses choix. Ce qui n’empêche nullement de proposer une éthique de la consommation, à savoir ce qu’on estime bon pour soi, pour les autres et pour la société. Le consommateur n’est pas un idiot social, contrairement à ce qu’a longtemps prétendu une pensée critique qui a toujours considéré la consommation comme une aliénation. Michel de Certeau a montré dans son ouvrage sur les Arts de faire que les individus savent parfaitement jouer et ruser avec le système marchand qu’on leur propose. Il y a donc en chacun de nous une intelligence de la consommation. C’est en utilisant cette intelligence que nous pourrons prendre conscience de toutes les possibilités de vivre, de découvrir, de partager que nous permet la consommation.


Référence :

Michel de Certeau, L’Invention du quotidien, t. 1, Arts de faire, Gallimard, 1990.


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