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Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour nous sentir à notre place ? Cette interrogation, insidieuse mais omniprésente, traverse les vies professionnelles comme une ombre sournoise et silencieuse. Elle interroge notre rapport au monde et à nous-mêmes : où commence et où finit l’accord entre soi et les attentes extérieures. Il faut en chercher l’origine dans la pensée des Lumières qui, la première, valorise la notion d’« autonomie ». Est lui-même celui qui pose ses règles, ses normes, celui qui décide par lui-même et, quelque part, choisit sa place. D’om le fait dans tous les domaines de notre vie, nous sommes attachés au fait d’avoir une place à soi, bien identifiée. Cela nous permet de nous convaincre que nous sommes uniques. C’est quelque chose de rassurant et de valorisant. Si bien qu’à l’inverse le moindre changement dans les places nous inquiète et nous dérange.


Un salarié qui se voit attribuer un bureau dans un cagibi souffrira d’un manque de reconnaissance, si bien que l’on parle de « mise au placard ». La manière dont les individus prennent spontanément des habitudes dans l’espace montre qu’il y a des endroits où ils se sentent mieux, plus protégés, moins exposés, mais aussi que certaines places sont plus valorisées que d’autres.


En entreprise, cette quête prend une coloration particulière, oscillant entre aspirations personnelles et contraintes structurelles. Être à sa place n’est jamais un état figé. C’est une expérience mouvante, souvent marquée par un sentiment de décalage. Claire Marin, philosophe de la rupture, le décrit comme une tension permanente entre ce que l’on est et le sentiment de ce que l’on doit être.


Ce décalage se manifeste dans des situations anodines mais révélatrices : un poste qui ne correspond plus à nos compétences, une équipe où l’on peine à trouver sa place, des valeurs affichées par l’entreprise mais contredites par la réalité des pratiques. Ces moments nous rappellent que le travail, loin d’être un simple outil de subsistance, est aussi un espace d’expression de soi.
Pourtant, lorsque cet espace devient un théâtre où l’on joue un rôle étranger, la tension grandit. Le « syndrome de l’imposteur » trouve ici un terreau fertile, nourri par des environnements où la performance prime sur le fait d’être soi-même. L’individu, pressé par des attentes normatives, se retrouve écartelé entre les injonctions externes et sa vérité intérieure.


Claire Marin parle de « rupture » comme d’un moment-clé : l’instant où l’on réalise que l’on est devenu étranger à soi-même. Cette prise de conscience, bien que douloureuse, peut-être une étape libératrice. En entreprise, elle se traduit souvent par un repositionnement professionnel, une reconversion, voire une démission. Mais tout le monde n’a pas la possibilité de quitter le navire. Les obligations financières, les responsabilités familiales, ou simplement la peur de l’inconnu contraignent souvent au statu quo


Que faire alors ? Il s’agit de composer avec ce que l’on estime dissonant avec son credo, de trouver des stratégies pour se réapproprier son espace professionnel. Ici, la notion de « micro-résistances » prend tout son sens. Ces gestes subtils mais significatifs permettent de recréer un sentiment de liberté : changer une manière de travailler, refuser certaines tâches incohérentes avec ses valeurs, ou encore réinvestir des projets alignés avec son éthique. Ces actes, à première vue insignifiants, redonnent du sens à l’expérience professionnelle.


Être à sa place ne signifie pas atteindre une harmonie parfaite. C’est plutôt un alignement fragile à négocier sans cesse entre ses compétences, ses valeurs et son quotidien. Peut-être faut-il abandonner l’idée d’une « place idéale » pour embrasser celle d’une place à construire, en évolution permanente. Cette posture exige une certaine souplesse, mais aussi du courage : celui d’oser réévaluer ses choix et ses désirs, en fonction du cadre dans lequel on évolue.


En somme, être à sa place n’est pas une destination mais une expérience. Comme l’avait déjà compris Montaigne, , la pire place est de rester en nous, dans un petit confort intérieur en se contentant satisfaire de qui on est, sans voir ce qui peut paraître fragile, incertain, changeant… Le risque est alors de nous installer dans un personnage qui nous emprisonne. Ce qui est intéressant en fin de compte, ce n’est pas de se trouver, mais au contraire de se déplacer : ou comme le dit encore une fois Claire Marin « essayer d’autres façons de vivre, même de manière imaginaire, et découvrir ses propres mouvements intérieurs ».


Publié le mardi 29 avril 2025 . 5 min. 17

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