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Nous vivons dans une ère du capitalisme régie par le « principe responsabilité » du philosophe Hans Jonas. Selon ce principe qui n’est plus discuté, le pouvoir que nous avons de détruire la planète nous impose le devoir de préserver les conditions de vie pour les générations futures, même au prix de sacrifices présents. Mais à qui incombe ce devoir ? Est-il individuel, collectif, et peut-il être délégué aux institutions et aux entreprises ?


Cette question est au cœur de nos dilemmes contemporains. Consommer un saumon d’élevage ou rouler en SUV semble être une décision individuelle. Pourtant, ces choix s’inscrivent dans un système complexe de causalités où chaque action est conditionnée par des infrastructures, des politiques publiques, et des normes sociales. L’utilisateur d’une voiture polluante est certes responsable de son impact environnemental, mais ce choix est-il vraiment libre ? Il reflète souvent les limites d’un réseau de contraintes économiques et culturelles qui dépasse sa propre volonté.


Ainsi, la responsabilité individuelle, souvent invoquée comme un idéal, fonctionne davantage comme une fiction opératoire. Elle repose sur l’idée, séduisante mais simplificatrice, que chaque individu peut exercer un contrôle absolu sur ses actes et en assumer pleinement les conséquences. Dans les faits, cette responsabilité est prise dans une toile de causalités diffuses, ce qui la transforme en un point de fixation plus symbolique qu’opérationnel.


Mais si la responsabilité individuelle est un simulacre, que dire alors de la responsabilité collective ? Présentée comme une réponse aux défis systémiques tels que le changement climatique, elle semble servir moins à mobiliser qu’à masquer une forme d’impuissance. Elle permet à chacun de contribuer à un "nous" abstrait, sans jamais mesurer concrètement l’impact de son engagement. Peut-être n’est-elle qu’un cadre permettant de donner un sens global à ce qui reste fondamentalement chaotique et indéterminé.  Les appels à « consommer éthique » ou les engagements d’entreprises à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 sont des exemples emblématiques. Ces initiatives collectives sont bien souvent le fait d’individus qui ne seront plus en poste pour répondre de ces promesses dans 25 ans. La responsabilité collective devient alors un cadre narratif, une manière de perpétuer un système tout en feignant de le remettre en question.


Face à ces paradoxes, le récit des bâtisseurs de cathédrales au Moyen Âge offre une perspective éclairante. Ces ouvriers anonymes, gravant chaque pierre dans un projet qu’ils savaient ne jamais voir achevé, incarnaient une autre forme de responsabilité : celle d’un engagement qui dépasse l’individu et se déploie dans une dimension intergénérationnelle. Leur travail n’était pas guidé par une quête de résultats immédiats, mais par la volonté de contribuer à un héritage spirituel et communautaire. Ils œuvraient pour un bien commun dont ils ne profiteraient pas, mais qui transcenderait leur propre existence.


Ce modèle contraste avec la vision contemporaine, où la responsabilité collective tend à diluer les devoirs individuels dans une abstraction confortable. Pour croire à cette responsabilité collective, il faudrait réhabiliter une forme d’humilité face à l’avenir : accepter que nos efforts ne produisent pas toujours des résultats immédiats et visibles, mais qu’ils peuvent néanmoins poser les fondations d’un monde que nous estimons meilleur.


Dans une société dominée par la logique instrumentale et la recherche d’efficience, les bâtisseurs de cathédrales nous rappellent que l’œuvre humaine la plus noble est souvent celle dont les fruits ne seront récoltés que par d’autres. Ils incarnent une leçon précieuse : notre responsabilité, qu’elle soit individuelle ou collective, ne se mesure pas seulement à ses effets immédiats, mais aussi à la manière dont elle s’inscrit dans un horizon de sens plus vaste et durable.


Publié le jeudi 10 avril 2025 . 4 min. 49

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