Dans le monde idéal des manuels de management, la pensée critique est valorisée, vénérée, considérée comme essentielle à la réussite. Mais la réalité est fort différente. Combien de fois n’a ton pas entendu cette rengaine selon laquelle on n’a tout simplement plus le temps de penser en entreprise ? Bigre
Penser, surtout de manière critique, ne signifie pas simplement démolir les idées sans raison, mais plutôt remettre en question, secouer les habitudes et perturber le statu quo. Penser, c'est s'opposer aux normes et à une certaine paresse qui nous entraînent trop souvent vers des automatismes.
L'avènement de la médiocratie signifie que ceux qui sont promus et qui exercent le pouvoir ont souvent abandonné toute originalité et ont étouffé, voire perdu, leur esprit critique. Ils se contentent de défendre des positions consensuelles, comme si la moyenne était devenue la norme de l'autorité. Pourtant, la pensée critique est ce qui distingue l'humain de la machine, même si, dans le monde merveilleux de l'entreprise, cette capacité est souvent vue comme une tare plutôt que comme une vertu.
Pourtant, quelles sont les entreprises qui n’affichent pas des slogans sur l'ouverture d'esprit, le sens du risque. Comme si penser en dehors des sentiers battus était la seule voie pour créer de la valeur.
Mais dès qu'une personne ose remettre en question une convention ou pointer du doigt une incohérence, le masque tombe. Le penseur critique est alors perçu comme un perturbateur, un empêcheur de tourner en rond. Dans un monde où l'alignement et la conformité sont les maîtres-mots, la dissidence intellectuelle est rarement bienvenue.
Ainsi, ces fameuses séances de brainstorming, censées être des pépinières de créativité, se transforment trop souvent en exercices de conformisme où l'objectif est de produire des idées à la chaîne, sans véritable réflexion approfondie. La critique constructive est souvent vue comme un obstacle, voire une perte de temps. Cette défiance à l’égard de la pensée non seulement rabaisse le niveau de l'intelligence collective, mais affecte également la capacité d'innovation.
Car sans pensée critique, l'innovation réelle est impossible. Innover, ce n'est pas seulement produire du neuf, c'est surtout questionner les certitudes, se confronter à l’inconnu et prendre des risques. Or nous sommes plus souvent attirés par la nouveauté et les idées dans le vent que par l’analyse argumentée.
Les succès d'aujourd'hui ne garantissent en rien les succès de demain. Sans esprit critique, comment anticiper, s'adapter, survivre même ? Une entreprise sans pensée critique, c’est une machine qui tourne à vide, qui produit sans réfléchir, qui avance sans savoir où elle va.
Comme en politique, la dissidence est une source précieuse de progrès. Ce n’est que dans la confrontation des idées que naissent les idées les plus scintillantes. Elle est notre meilleure arme pour naviguer dans l'incertitude. Alors, osons penser autrement, osons penser pour bousculer les conventions, défier les dogmes, et réinventer les règles du jeu.
Publié le vendredi 22 novembre 2024 . 3 min. 35
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