En entreprise, le silence est d’or plus souvent que ce que l’on pense !
Peut-être avez-vous déjà vécu la situation suivante : un collègue partage avec vous des bruits de couloir selon lesquels votre travail ne serait pas rigoureux, que votre comportement serait un peu en manque de bienveillance à l’égard des autres, ou que vous auriez de mauvaises relations avec un membre de votre équipe. Un autre collègue vous raconte qu’il parait que vous voudriez prendre à tout prix la place de votre chef. Et évidemment ces collègues s’expriment en adoptant une voix douce, une mine compatissante et un ton embêté.
Et tout cela est une réelle surprise pour vous.
Une surprise, car vous ne vous attendiez pas à ces commentaires et encore moins de ce collègue avec qui vous travaillez, certes, régulièrement, mais qui n’est pas votre ami professionnel.
Une surprise, car les mots choisis sonnent faux chez vous et ne correspondent pas à ce que vous entendez d’ordinaire de la part de vos collègues et de vos proches.
Une surprise enfin, car vous ne comprenez pas l’intention de ce collègue de vous partager ces bruits alors que vous ne lui avez rien demandé.
S’il peut paraître utile d’écouter les commentaires de son collègue, pour s’interroger avec modestie sur ce qui a pu éventuellement donner telle ou telle impression, il est aussi utile d’analyser pourquoi il agit de la sorte, sans chercher toutefois à le décortiquer (on n’est pas son psy !).
Un collègue peut chercher, sans nécessairement que ce soit planifié de manière consciente chez lui, à vous positionner en situation de « Victime », car vous subiriez sans le savoir une forme d’injustice. De son côté, il est votre « Sauveur », car il montre une forme de loyauté à votre égard pour laver votre réputation. Les autres collègues à l’origine de ces bruits seraient, quant à eux, de vilains « Persécuteurs » qui vous veulent du mal.
Je fais ici référence, vous l’aurez compris, au fameux « triangle dramatique » de Stephen Karpman proposé dans les années 60.
Dans les organisations, il est assez fréquent de voir se mettre en place ce jeu relationnel entre la Victime / le Persécuteur / le Sauveur. Et ce jeu n’est pas sain malheureusement.
Que faut-il faire pour ne pas le subir ?
Tout d’abord, il est essentiel de l’identifier pour ne pas rentrer dans le jeu en nourrissant l’échange sur le même registre en répondant au collègue ou en lui posant des questions. Si possible, il faut essayer de stopper l’orientation adoptée par le collègue. Vous pouvez lui demander dès le début « pourquoi » il s’exprime ainsi alors que vous ne l’avez pas sollicité. Vous pouvez également lui demander de patienter, car vous aimeriez associer à votre échange un collègue en qui vous avez confiance.
Ensuite, pour ne pas se laisser embarquer, notamment par les émotions, peut-être est-il utile de faire un pas de côté physiquement parlant, de bouger, de se mettre en position corporelle de prise de recul pour que le mouvement des mots passe à côté de vous. Esquiver le coup langagier en somme.
Enfin, au lieu de réagir du tac au tac, écoutons et observons calmement. Cela ne signifie pas cautionner le discours tenu, mais cela peut nous aider à discerner ce que ne dit pas la personne avec ses mots.
Car, si certaines personnes (heureusement rares) sont vraiment désagréables dans leur propos, beaucoup d’autres se parlent à elles-mêmes en nous parlant. Elles parlent de leurs propres questionnements, de leurs attentes et désirs, voire de leurs craintes.
Nous sommes alors une sorte de miroir. Leur discours ne nécessite pas en soi de réponse, mais juste une certaine écoute.
N’oublions donc pas que, parfois, dans certains cas comme celui-là, si la parole est d’argent, le silence est d’or !
Publié le mardi 10 septembre 2024 . 4 min. 10
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