Si je vous demande de choisir la photo d’une personne célèbre du monde de l’informatique et du digital ? Quel visage vous vient à l’esprit ? Peut-être celui de Steve Jobs, Mark Zuckerberg, Elon Musk, ou tout simplement celui du directeur de votre DSI. En résumé, ces visages ont généralement plutôt de la barbe et une voix grave.
Ces visages font partie, en 2023, des plus de 80% des personnes, qui travaillent dans le secteur des technologies de l’information et de la communication - secteur qui regroupe toutes les activités économiques nécessitant des ordinateurs et d’autres équipements et systèmes électroniques pour collecter, stocker, utiliser et envoyer des données par voie électronique. La part des hommes dans le secteur est, toutefois, en baisse par rapport à 2013, puisqu’il était alors de 83.3%. Cela étant, aujourd’hui, seulement 20% de femmes travaillent donc dans ce secteur.
Pourtant, savez-vous qui est la première personne à avoir écrit un programme informatique ? C’est une anglaise, la comtesse Ada Lovelace, née en 1815. Cette pionnière de l’informatique était une brillante mathématicienne, et elle a travaillé sur la machine analytique de Charles Babbage, c’est-à-dire une calculatrice mécanique avec des cartes perforées. Beaucoup de gens ignorent ce fait historique, tout comme le fait qu’il est urgent d’augmenter le nombre de femmes dans le digital. Et pourquoi est-ce urgent ? Plusieurs raisons peuvent être évoquées.
Les deux premières sont purement quantitatives. En effet, premièrement, la croissance du secteur est très forte. Selon Eurostat, la part des spécialistes des TIC dans le total des emplois augmente de 4.8% en 2023, contre 3.3% en 2013. Cela traduit la transformation profonde de notre économie vers plus de digital. Deuxièmement, le nombre d’emplois visés dans ce secteur en Europe d’ici 2030 est d’environ 20 millions. Il serait absurde d’imaginer que seuls les hommes aillent travailler dans ce secteur !
La troisième raison est plus sociale, car notre société en pleine transformation ne peut pas être inclusive si une part significative de la population contribue peu au développement de ce secteur, qui joue un rôle central dans cette transformation.
Quant à la quatrième raison, elle est liée aux enjeux d’innovation, dans la mesure où la diversité des équipes a un impact sur le nombre et la qualité des idées proposées. Les femmes et les hommes sont dès lors les bienvenus dans le secteur du digital.
Toutefois, comment faire pour que le visage de l’informatique ressemble aussi à des Ada contemporaines, comme Virginie, Catherine, Nora, Sophie qui occupent des postes de Chief Digital Officer dans de grandes entreprises ?
Une première piste est de créer davantage d’espaces de formations diplômantes pensées pour attirer davantage les jeunes filles sur des sujets tels que les objets connectés, la cybercriminalité ou encore l’intelligence artificielle.
Une autre piste serait de proposer pour elles, des événements et des écoles d’été autour du codage informatique, de la blockchain ou du metavers, entre autres.
Une dernière piste pourrait être aussi de créer une communauté de soutien aux diplômées (é-e-s) et aux expertes déjà en activité dans le secteur. Une telle communauté pourrait d’ailleurs mettre en avant des Rôles Modèles, c’est-à-dire des femmes inspirantes aujourd’hui dans les sciences.
Pour conclure, si la place des femmes dans l’informatique et le digital est une nécessité évidente dès à présent, il parait, malgré tout, urgent de changer les codes du secteur et d’écrire pour lui, comme Ada Lovelace avait pu le faire en son temps, un nouveau programme !
Publié le lundi 16 décembre 2024 . 4 min. 05
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