A la machine à café, vous assistez à une conversation entre deux collègues et l’un d’eux déclare : « Je suis écœuré par la situation ; cela me donne même envie de vomir ». Et l’autre d’ajouter : « De toute façon, la vie de Monsieur X est sans sel, il ne donne vraiment pas envie de travailler avec lui ».
Leurs expressions, vous l’aurez reconnu, font référence au goût.
Ce sens gustatif est particulier, car il faut l’introduction en soi d’une parcelle du monde pour qu’il s’exprime. Dans l’exemple, il témoigne du dégoût d’une relation, qui est perçue par les deux collègues comme intrusive dans leur espace professionnel. Ce qui pourrait aussi expliquer, éventuellement, une boule au ventre en arrivant au travail.
Ce sens du goût est particulier, car nos papilles gustatives ne captent en fait que le sucré, le salé, l’acide et l’amer. On a besoin de l’odorat pour que les aliments ne paraissent pas fades.
Ceci étant dit, le sens du goût est important pour juger de la qualité de l’existence, notamment de notre vie au travail.
Pourquoi affirmer cela et que peut-on faire pour favoriser le goût de vivre y compris sur son lieu de travail ? Je vous propose de considérer trois pistes principales.
Tout d’abord, revenons au mot latin « sapor », qui veut dire « goût, la saveur de quelque chose ». Ce mot se retrouve dans l’expression « homo sine sapor » ou « homme (ou femme) sans personnalité ». Une première piste serait alors de s’interroger sur la personnalité de notre entreprise, ou plus largement, sur son identité. Qui est-elle ? Qu’est-ce qui la caractérise ? Est-elle douce, sucrée, salée, piquante ou fade et insipide ?
Ensuite, une autre expression est inspirante, celle d’« avoir du goût ». Cela dépasse bien entendu l’aptitude sensorielle. On met ici en évidence la capacité à arranger son intérieur et à poser un jugement sur les choses pour mieux les apprécier. Une piste pourrait être de regarder comment notre intérieur dans l’entreprise est arrangé et si cela est fait avec goût. Par exemple, sur le plan des espaces physiques, il y a l’organisation spatiale des bureaux, des bâtiments, de l’accueil, mais aussi la propreté, y compris des lieux comme les toilettes.
Enfin, le goût fait écho à la sensation de faim, qui est une disposition innée dès la naissance. Son orientation dépend de l’environnement et du climat affectif de la personne. Une dernière piste serait de réfléchir à donner envie de manger, ni trop, ni pas assez, mais donner envie de mordre à pleine bouche des projets qui nous nourrissent et nous font saliver.
Par ces pistes, nous retrouverons alors peut-être nos deux collègues de tout à l’heure, autour d’une vraie table en train de prendre un repas en commun et de partager le pain de leur travail.
Publié le vendredi 23 mai 2025 . 3 min. 13
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