En France, une PME sur deux disparaît lors du départ à la retraite de son dirigeant. En Allemagne et en Italie, la transmission s’opère plus souvent, plus vite et plus efficacement. Résultat : un tissu économique plus dense, plus pérenne, plus ancré dans les territoires. Pourquoi un tel écart ?
La culture familiale, pilier de la continuité
En Allemagne comme en Italie, l’entreprise familiale est la norme, pas l’exception. Elle est envisagée dès le départ comme un patrimoine à transmettre, non à liquider. L’"Mittelstand" allemand — souvent cité — repose sur des sociétés indépendantes, dirigées par une ou deux générations d’une même famille, qui préparent très tôt la relève. En Italie, le tissu industriel du Nord fonctionne selon une logique semblable : entreprise et famille sont étroitement liées. À l’inverse, les PME françaises sont souvent tournées vers le court terme, dans une logique de cession à un tiers, sans anticipation.
Un écosystème bancaire et fiscal plus incitatif
Les systèmes bancaires allemand et italien sont structurés pour soutenir la transmission. Les banques régionales — Sparkassen, Volksbanken, Banche Popolari — jouent un rôle actif dans le financement de la reprise, y compris dans les toutes petites entreprises. Les outils juridiques et fiscaux sont pensés pour favoriser la stabilité : pactes successoraux, exonérations conditionnelles, droit des sociétés plus souple. En France, malgré des dispositifs comme le pacte Dutreil, les démarches restent complexes, les risques fiscaux élevés, et les délais d’instruction dissuasifs.
Une vision stratégique de la PME comme bien commun
Enfin, l’Allemagne et l’Italie valorisent leur tissu de PME comme un élément stratégique de souveraineté économique. L’État les soutient, les valorise, les protège des prédations. En France, le soutien public reste souvent plus théorique que réel, focalisé sur les startups ou les grandes entreprises. La PME patrimoniale, pourtant colonne vertébrale de l’économie locale, est souvent oubliée des priorités industrielles.
Faire de la transmission un levier stratégique
La transmission d’entreprise ne peut plus être un angle mort de notre politique économique. Là où l’Allemagne et l’Italie l’ont intégrée comme un pilier de continuité et de puissance industrielle, la France reste prisonnière d’une logique de cession court-termiste. Il est temps de sortir de cette impasse. Transmettre, ce n’est pas finir : c’est consolider, relayer, amplifier. C’est poser les bases d’une souveraineté économique enracinée dans un capital productif durable et territorialement ancré.
Publié le mercredi 18 juin 2025 . 2 min. 58
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