Il faut libérer les femmes pour libérer les hommes

L’égalité entre femmes et hommes constitue un des objectifs de développement durable de l’ONU. Il s’agit aussi d’un objectif phare de l’Union européenne et de nombreux pays.

Malgré cette prise de conscience institutionnelle, et alors que les femmes représentent la moitié de la population mondiale, les inégalités perdurent. Elles se concrétisent par exemple dans les inégalités de salaire, de carrière, d’accès à l’emploi, de répartition des tâches domestiques, d’accès à l’éducation, d’autonomie économique, mais aussi dans les violences sexistes et sexuelles.

Dans de nombreux domaines, atteindre l’égalité femmes-hommes suppose une redistribution des pouvoirs et des ressources économiques, au détriment des hommes, pour assurer un rééquilibrage. Par exemple, l’accès des femmes aux postes de management et de direction des entreprises implique qu’il y ait moins d’hommes qui y aient accès qu’auparavant. Dire que, en France, le pourcentage de femmes membres de conseils d’administration est passé de 21% à 41% entre 2011 et 2021, signifie que le pourcentage d’hommes membres de ces conseils est passé de 79% à 59%. Ce rééquilibrage est bien sûr nécessaire. Il peut paraître négatif pour les hommes.

Cependant, les hommes peuvent aussi bénéficier d’une plus grande égalité femmes-hommes. Tout d’abord, ces inégalités correspondent à un modèle qui pèse sur les hommes autant que sur les femmes. Ce modèle, c’est celui de monsieur gagne-pain, dans lequel les hommes sont les principaux pourvoyeurs de revenu dans un foyer, avec le cortège d’obligations qui va avec : avoir de l’ambition professionnelle, se dédier à sa carrière, passer peu de temps avec ses enfants ou ses proches, faire preuve d’autorité, avoir confiance en soi, ainsi de suite… Pour les femmes, ce sont bien sûr les obligations inverses qui s’appliquent.

Or, de nombreux hommes peuvent ne pas se retrouver dans ce modèle, et souffrir de devoir s’y conformer. Par exemple, des hommes peuvent souhaiter prendre un temps partiel pour s’occuper de leurs enfants, considérer leur vie professionnelle comme quelque chose de non-central dans leur vie… Et aujourd’hui, ces comportements sont sanctionnés socialement. En tout état de cause, ce modèle suppose que des individus doivent adopter certains comportements, non pas en fonction de leurs désirs propres, mais en fonction de leur genre, ce qui est très enfermant et nuit à la liberté individuelle.

Finalement, aller vers plus d’égalité femmes-hommes suppose une redistribution des pouvoirs mais aussi la suppression des modèles genrés et stéréotypés. Sur ce second point au moins, les hommes en bénéficieront tout autant que les femmes.