De plus en plus de pays européens adoptent des mesures visant à accélérer la participation des femmes à la vie économique et professionnelle. Derrière cette notion d’accélération, concrètement, ce sont souvent des politiques dites de quotas qui sont mises en place. Par exemple, l’Union européenne a imposé aux entreprises cotées d’avoir au moins 40% de femmes dans les conseils d’administration. En France, cette mesure avait déjà été adoptée depuis la loi Copé-Zimmermann de 2011. Par ailleurs, plus récemment, une mesure phare de la loi Rixain adoptée en 2021 prévoit d’imposer aux grandes entreprises un pourcentage minimal de personnes de chaque sein au sein des comités exécutifs et des comités de direction.
On entend souvent beaucoup de critiques sur les politiques de quotas, qui soi-disant conduiraient à recruter des personnes non-compétentes, ou encore à mettre en difficulté les femmes nommées suite à ces lois, qui pourraient souffrir d’un manque de légitimité, etc. Se pose donc la question de l’efficacité de ces actions.
Tout d’abord, il faut souligner que ces actions ont plusieurs objectifs. Le premier est évidemment d’accélérer, comme le dit la loi Rixain, l’arrivée des femmes aux postes de direction. Sur cet objectif, les politiques de quotas sont extrêmement efficaces. Par exemple, en France, suite à la loi Copé-Zimmermann, le pourcentage de femmes membres de conseils d’administration est passé de 21% à 41% entre 2011 et 2021. Le deuxième objectif concerne l’évolution des représentations. Avoir plus de femmes dans les instances de direction permet ainsi de créer des nouvelles représentations, loin de l’image selon laquelle un dirigeant est forcément un homme. Cette évolution des représentations peut ensuite permettre aux jeunes femmes de se projeter dans ces fonctions. Au-delà de ces deux objectifs, les politiques de quotas ont d’autres effets positifs. Notamment, elles permettent de faire varier les profils des personnes retenues, et ainsi d’avoir des instances de direction plus diverses, permettant une plus grande diversité de points de vue par exemple.
Sur le plan des critiques, dire que les politiques de quotas conduisent à recruter des personnes non-compétentes suppose qu’il n’est pas possible de trouver des femmes compétentes… C’est donc un argument un peu étonnant, sachant que de nombreuses femmes compétentes sont freinées dans leur carrière par des processus organisationnels qui les désavantagent.
En réalité, le principal problème des politiques de quotas est qu’elles se concentrent sur les niveaux les plus élevés de la hiérarchie, et masquent donc les inégalités qui peuvent exister à des niveaux inférieurs. Par ailleurs, elles reproduisent un modèle unique de réussite, dans lequel la réussite, c’est d’accéder à des postes à hautes responsabilités. Enfin, elles ne contribuent pas à faire évoluer les processus organisationnels qui désavantagent les femmes tout au long de leur carrière.
Publié le mardi 03 décembre 2024 . 3 min. 23
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de Clotilde Coron
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