Si le leadership désigne l’exercice d’une autorité de nature à entrainer un collectif vers un avenir désirable, se pose alors la question de la nature et de la légitimité de cette autorité. Autrement dit, dans quelle mesure une force d’entrainement sociale est-elle objectivable et exploitable ?
Commençons par définir l’autorité. Selon Max Weber, l’autorité est un système de relations entre des individus et une personne jugée à la fois légitime et digne de décider, dans l’intérêt d’un objectif ou d’une cause partagée. Dans cette définition on ne perçoit que l’autorité à deux faces bien distinctes. Une face « légitime » qui autorise sont exercice et une face « digne » qui suggère que l’autorité a besoin du consentement du collectif pour s’exprimer. Autrement dit, la légitimité de l’autorité est insuffisante pour impacter les esprits et les cœurs à agir dans une direction donnée.
On a par exemple tous rencontré un jour un enseignant désespéré de constater l’impuissance de la légitimité de son statut et de ses diplômes pour mobiliser l’envie d’apprendre de ses élèves et contribuer ainsi à développer chez eux des qualités humaines respectables. Cet enseignant peut bien sûr avoir recours à l’autoritarisme et imposer des sanctions mais il ne peut exiger l’engagement et l’enthousiasme de ses apprenants.
C’est ainsi, le titre et la fonction donnent du pouvoir mais pas tous les pouvoirs. L’autorité légitime donne un pouvoir formel défini dans un cadre spécifique précisant les conditions à partir desquelles il est possible de décider et d’agir. Mais il existe également un pouvoir informel lequel est essentiellement relationnel ou interpersonnel. Le pouvoir informel ne se décrète pas. Il ne peut être octroyé que par le collectif, lorsque ses membres estiment acceptable ou nécessaire d’être, si ce n’est dominé, au moins influencé et guidé par celui ou celle jugé digne de confiance.
En reprenant le champ éducatif, on a également tous vécu l’expérience d’un enseignant réussissant à tirer avantage des circonstances par sa personnalité, son caractère et ses aptitudes intellectuelles pour embarquer sa classe et lui donner envie de se surpasser. Par sa capacité à mobiliser l’intelligence et la bonne volonté des élèves de façon non coercitive on peut dire que cet enseignant fait preuve de leadership.
Dans les organisations, le même phénomène social s’exerce. D’un côté, on trouve des personnes avec des responsabilités formelles associées à un pouvoir légitime de décider et d’agir conformément aux règles de fonctionnement et à leur feuille de route. De l’autre, ce sont des équipes enjointes de se conformer au pouvoir légitime des personnes accréditées à décider. Mais le phénomène ne s’arrête pas là. A cela s’ajoute la prégnance ou non d’un pouvoir informel né d’une relation singulière entre un les acteurs du pouvoir légitime et leurs équipes.
Les initiatives visant à rendre les organisations beaucoup plus horizontales et davantage participatives n’effacent pas cette distinction entre pouvoir formel et pouvoir informel. Ce qui change, c’est la distribution des pouvoirs légitimes, moins figés et moins corsetés qu’auparavant. C’est aussi le rapport des individus au pouvoir légitime formel dont la remise en cause semble s’exacerber de nos jours.
Dans ce contexte, le pouvoir d’autorité informel apparait tel une planche de salut pour nombre d’acteurs responsables démunis ou désespérés. Une planche de salut mais pas une solution magique ou une simple technologie sociale car comme l’on démontré nombre de sociologues, il n'existe pas de pouvoir autonome. Tous les pouvoirs sont conjugués avec d'autres.
Publié le mercredi 10 juillet 2024 . 4 min. 00
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