Comment renforcer les liens intergénérationnels et réussir à faire travailler intelligemment et harmonieusement plusieurs générations entre elles ? Les jeunes, les moins jeunes, les jeunes séniors et les séniors ?
Cette question est une vraie préoccupation pour beaucoup d’acteurs de la vie économique et sociale d’autant que les situations où 4 générations se retrouvent à travailler ensemble dans la même organisation sont de plus en plus fréquentes.
Des générations dont les différences sont régulièrement mises en avant afin de justifier les difficultés à faire coopérer des personnes issues de différentes cohortes d’âge. La prégnance du sujet devient manifeste lorsque l’on entend des phrases telles que : « Ils ne sont vraiment pas comme nous. » ou « Y-a rien à faire, on n’est pas du même monde ».
Il est vrai que la sensibilité au numérique, le rapport à l’autorité, les préférences vestimentaires, le respect des horaires et j’en passe sont autant de marqueurs générationnels à partir desquels il est tentant de catégoriser les individus en fonction de leur date de naissance. Cette tendance est d’ailleurs confirmée par les algorithmes de Google et de ChatGPT qui ne tarissent pas d’informations à ce sujet.
La catégorisation générationnelle la plus populaire s’exprime derrière les lettres S, B, X, Y, Z et la toute dernière baptisée A pour Alpha. Ces lettres constituent une grille de lecture qui s’appuie sur de nombreux travaux d’études et de réflexion dont l’objet est de révéler les caractéristiques, les besoins et les attentes de chaque génération avec l’espoir de trouver un moyen de faire cohabiter ces différences sans nuire à l’efficacité collective.
A l’évidence, la popularité de cette grille de lecture tient beaucoup à sa simplicité, et comme toujours la frontière entre simplicité et simplisme est ténue. On peut en effet regretter l’absence d’indicateurs sociologiques tels que les origines sociales et culturelles. On peut également regretter que les variations psychologiques au sein d’une même classe d’âge soient à ce point stéréotypées.
En pratique, les initiatives sensées harmoniser le travail collectif à partir de telles caractéristiques générationnelle sont loin de produire les résultats escomptés. A force de calculer les individus à partir de leur date de naissance, la prophétie des fossés générationnels peu même devenir auto-réalisatrice surtout lorsque cela conduit à offrir plus de liberté, moins de hiérarchie et beaucoup de câlinothérapie.
Le problème fondamental avec cette grille de lecture générationnelle, c’est qu’elle se focalise sur les différences entre les individus et néglige de fait leurs ressemblances. Comme le dit si bien Elisabeth Badinter : « Chaque fois que l'on fait passer nos différences avant nos ressemblances, on met le doigt dans un processus d'affrontement ».
En s’attachant aux ressemblances, on prend le risque de trouver des préférences transgénérationnelles c’est-à-dire des désirs communs, des besoins identiques et même des convergences cultuelles et intellectuelles.
L’intégration générationnelle n’est alors plus vraiment le sujet. Le sujet devient celui de l’agrégation c’est-à-dire du regroupement d’individus dont les points communs les prédisposent à partager une aventure commune dans des conditions favorables leur permettant d’atteindre des objectifs partagés.
Publié le mercredi 12 juin 2024 . 3 min. 41
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