Dans un monde où tout semble s’accélérer, quoi de plus naturel que de chercher à apprendre à gérer son temps ? Un besoin réel auquel nombre d’ouvrages et de séminaires de formation rendent hommage en offrant pléthore d’outils et de conseils destinés à améliorer l’efficacité personnelle de leurs audiences.
La méthode employée commence généralement avec quelques constats d’évidence du style : « La principale ressource qui nous fait défaut est le temps » ou « N’y a-t-il pas toujours plus de choses à faire que de temps disponible ? ».
Fort de ces truismes de départ, des solutions communes sont proposées : « Ne cherchez pas à gérer le temps, mais apprenez à vous gérer vous-même », « Faites la différence entre ce qui est urgent et important » ou encore « Soyez « focus » et ne faites qu’une chose à la fois ».
Ces conseils, qui semblent frappés au coin du bon sens, manquent en fait cruellement de sens car ils sont décontextualisés et s’adressent à des inconnus. Dit autrement, ils proposent des solutions génériques à des problèmes théoriques.
En réalité, se sentir débordé ou avoir l’impression de toujours manquer de temps sont les symptômes de phénomènes bien plus subtils qu’il n’y parait.
Par exemple, il peut sembler évident que le temps est la richesse la mieux répartie sur terre puisque nous avons tous le même nombre d’heures disponibles dans une journée. Ce qui pose problème ce n’est donc pas le temps mais d’abord la valeur qu’on lui accorde.
Pour preuve, notre rapport au temps est susceptible de varier en fonction de l’intérêt et de l’importance que nous accordons à notre travail mais aussi en fonction de ce qui se passe en dehors de notre vie professionnelle. Certains comptent les heures quand d’autres ne voient pas le temps passer.
Et puis, quand bien même nous le voudrions, nous ne sommes jamais totalement maitres de notre temps car l’autonomie totale n’existe pas. En réalité, l’interdépendance des acteurs au sein d’une organisation nous impose à de très fréquents réajustements avec les autres.
Nos marges de manœuvre sont aussi contraintes par la nature du monde social dans lequel nous travaillons, sa culture, ses règles de fonctionnement et les rapports de pouvoir entre les acteurs.
Enfin, nos préférences de travail ne sont pas modifiables à l’envie. La façon dont nous nous organisons traduit notre façon d’être face aux objectifs et aux tâches à accomplir. C’est notamment là que le management, les process et les outils numériques imposés peuvent être à l’origine d’une détérioration de l’engagement des acteurs au travail.
A l’arrivée, on voit bien qu’il est illusoire de chercher à gérer le temps ou à adopter une solution préfabriquée qui vous ferait gagner soi-disant plusieurs heures par jour. Il est sans doute plus intéressant d’investir dans une compréhension fine de la relation existante entre vos préférences de travail et les contraintes de votre environnement professionnel.
Publié le mercredi 10 juin 2020 . 3 min. 07
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