« Le meilleur moyen de motiver quelqu'un est de lui donner une bonne raison de se lever le matin... et de s'assurer que cette raison n'est pas de venir à une réunion ». Voilà une façon subtile et drôle de décourager ses collaborateurs de développer une addiction aux réunions. En tout cas, bien plus efficace qu’une interdiction catégorique.
Pour toute personne en charge d’un collectif ou d’une négociation, faire preuve d’humour peut s’avérer redoutablement efficace, surtout si le message implicite transmis fait sens et permet d’influencer de façon inspirante son interlocuteur ou son groupe. L’humour est par ailleurs cliniquement reconnu pour ses effets sur la dépression, l’anxiété et même la fatigue.
L’humour est également réputé pour être un pourvoyeur d’optimisme et un agent de socialisation particulièrement efficace. Il permet l’autodérision, c’est-à-dire la connaissance de soi et de ses points faibles, la maîtrise de ses émotions et une aptitude à ne pas se prendre trop au sérieux, ce qui peut s’avérer salutaire dans certaines situations.
Alors, dans un monde où il est de plus en plus difficile de convaincre, l’humour serait-il une qualité que les leaders devraient impérativement développer ? Et les personnes qui font naturellement preuve d’humour seraient-elles prédestinées à devenir des leaders ? Voilà deux questions aussi intéressantes que stupides.
L’idée que l’on puisse développer son sens de l’humour à volonté et en faire un accessoire de la panoplie du parfait leader est un objectif fallacieux à plus d’un titre. Tout d’abord, il n’est pas certain que des personnes dénuées de talent humoristique puissent inverser ce trait de caractère par l’entremise d’un autoproclamé expert du sujet. Apprécier l’humour et faire preuve d’humour soi-même ne vont pas toujours de pair.
Ensuite, si l’humour est paré de nombreuses vertus, il peut aussi être à l’origine de situations dramatiques. Car l’humour est capable d’impertinence et de méchanceté. Il peut intimider, humilier, démoraliser et blesser. Oui, l’humour est parfois sarcastique, à l’instar de Samuel Goldwyn, le co-fondateur de la fameuse Metro-Goldwyn-Mayer, qui dit un jour : « Je ne veux pas être entouré de béni-oui-oui. Je veux que les gens me disent la vérité - même si ça leur coûte leur job. »
Par ailleurs, plus un leader est confronté à des prises de décision importantes, plus son sérieux et sa maîtrise des sujets sont considérés comme des marqueurs de son professionnalisme. Les cabinets de chasse de têtes ne sont d’ailleurs pas réputés pour sonder l’humour des candidats lors des entretiens de sélection. Plus généralement, rares sont les humoristes qui sont devenus des personnages influents dans des domaines très éloignés de l’humour, à l’exception notable de Beppe Grillo et Volodymyr Zelensky en politique.
Enfin, l’humour est une forme d’expression à double tranchant. Sa maîtrise dans la spontanéité est un art difficile, nécessitant prédisposition, discernement et répartie. Pour autant, l’absence totale d’humour a de quoi inquiéter : « Où il n’y a pas d’humour, il n’y a pas d’humanité » disait Ionesco. En paraphrasant Raymond Devos, voilà pourquoi l’humour est une chose sérieuse avec laquelle il ne faut pas plaisanter !
Publié le mardi 12 novembre 2024 . 3 min. 31
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