Après avoir été glorifié, célébré et élevé au rang de Graal de l’exercice du pouvoir, voilà que le concept de leadership vacille, prêt à tomber de son piédestal, assigné au champ lexical de la domination par la manipulation, la vanité et le narcissisme. Une chute qui ravira à coup sûr tous ceux qui avaient une revanche à prendre sur une barre de compétences qu’ils jugeaient trop haute, trop sélective, trop facilement contestable et, disons-le, profondément injuste.
Parmi eux, se trouvent de nombreux acteurs de la vie sociale organisée directement concernés, mis sur la touche de la progression hiérarchique pour cause d’insuffisance de leadership. A cela, s’ajoute pléthore de consultants autoproclamés spécialistes du leadership qui voient dans cette déchéance sémantique une opportunité d’amorcer ou de relancer leurs activités. Certains proposent des définitions tellement « éclairées » qu’elles nous éblouissent au point de nous faire oublier que leurs préconisations sont totalement étrangères à leur expérience personnelle.
Une autre catégorie non moins active est celle des enseignants-chercheurs passionnément engagés à démystifier une icône du capitalisme, un symbole de l’autoritarisme hiérarchique et de l’asymétrie légitime du pouvoir dans les organisations. Drapés dans l’étendard de la neutralité axiologique et scandalisés par certaines dérives inégalitaires d’un système permettant à quelques individus d’accumuler des fortunes colossales, ces penseurs se servent de la critique pour fustiger le leadership en tant qu’hégémonie intrinsèquement despotique.
Certes, l’histoire nous incite à beaucoup de vigilance et de lucidité envers tout ce qui s’apparente au leadership car le pire n’est jamais à exclure. Pour autant, la plasticité définitionnelle du leadership permet d’éviter de tomber dans la facilité et la caricature. La question n’est pas de savoir s’il faut se passer de leadership mais de quel leadership un groupe, une organisation, une société a besoin dans une période donnée.
Dans certains contextes, un leadership démocratique peut s’avérer tout à fait adapté ou parfaitement inadéquat. Il est des sociologies d’acteurs entièrement comblées d’avoir un chef puissant et conquérant alors que d’autres vont rejeter violemment l’idée même de dépendre d’un pouvoir exclusif. Et bien sûr, pléthores de variations existent entre ces deux extrêmes.
Alors de grâce, ne tombons pas dans le leadership-bashing en étant naïfs au point de croire qu’il existerait un modèle de leadership universel, optimum quelle que soit la situation, indépendamment des enjeux et des populations concernées. Le leadership comme force légitime d’entrainement et de révélation du potentiel d’un collectif vers un but louable à toujours sa place au sein des organisations responsables.
Publié le lundi 14 octobre 2024 . 3 min. 13
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d'Eric-Jean Garcia




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