Si un enseignant peut être remplacé par une intelligence artificielle, est-ce qu’il le mérite ? Autrement dit, y-a-t-il une fatalité à ce que des dispositifs algorithmiques dédiées à l’éducation prennent le pouvoir et relègue l’enseignant au rôle d’assistant ?
La question se pose, vu la prolifération naissante de solutions éducatives s’appuyant sur l’intelligence artificielle avec la promesse d’être toujours plus inclusives, plus autonomes et plus conviviales. Car les bénéfices et avantages de l’IA dans l’éducation sont remarquables à plus d’un titre :
- Etudier à son propre rythme en fonction de ses aptitudes grâce aux « Leaning Analytics » et aux MOOCs,
- Poser des questions et découvrir des réponses par soi-même grâce aux chatbots et à ChatGPT,
- Se former de manière ludique grâce à la gamification via des jeux éducatifs,
- Apprendre collectivement grâce aux plateformes collaboratives,
- Se retrouver en situation d’expérimenter et d’interagir avec des personnes et des objets grâce à la réalité virtuelle.
On les appelle IA adaptative, IA prédictive, IA immersive ou IA créative. Les catégories diffèrent mais toutes convergent non pas vers une transformation dans la façon d’apprendre, mais vers une véritable révolution dans notre rapport au savoir, au savoir-faire, au savoir être et ce, à tous les niveaux d’apprentissage qu’ils soient scolaires, universitaires ou professionnels.
Les capacités prodigieuses de ses nouveaux outils vont-elles à terme, si ce n’est remplacer les professeurs, éducateurs, formateurs et autres pédagogues du moins les cantonner dans un rôle subalterne ? La question peut paraitre incongrue, mais avec un enseignement hautement personnalisé, créatif et adaptatif en temps réel, avec des dispositifs de corrections automatiques et des modalités d’évaluations sur mesure, l’enseignant deviendra au service de l’IA et non l’inverse.
Parmi les promoteurs de cette éducation augmentée par les algoryhtmes on trouve les fameuses EdTech avec notamment les Américains Coursea et edX mais aussi de très nombreuses start up Européennes dont les levées de fonds récentes témoignent de l’engouement pour des solutions éducatives innovantes, dynamiques et inclusives.
Ces EdTech prédisent que les enseignants vont devoir se réinventer, un mot pudique pour dire qu’ils doivent accepter la révolution de leur univers professionnel. Certes, il va falloir accepter que les élèves, les étudiants et les professionnels étudient et travaillent avec ChatGPT. Il est illusoire d’imaginer tenir à l’écart les apprenants de tels outils dont l’efficacité n’a de cesse que de s’améliorer.
Mais il y a une grande différence entre une éducation « assistée » par l’ordinateur et une éducation « assurée » par l’ordinateur. Le défi pour les enseignants va être non pas d’épouser les solutions éducatives générées par l’IA mais de cohabiter en s’assurant que l’apprenant préserve une distance critique vis-à-vis des évidences auquel il est confronté, c’est-à-dire une capacité à douter mêlée d’une curiosité à toute épreuve lui permettant de se désynchroniser si nécessaire.
Publié le mardi 26 novembre 2024 . 3 min. 36
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d'Eric-Jean Garcia
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