Petite introduction à la pensée critique
Publié le mardi 5 mars 2019 . 3 min. 22
Nous avons tous la faculté de penser. Mais quel crédit donner à nos modes de raisonnements ?
Sommes-nous, toujours capables d’expliquer les raisons qui sous-tendent nos choix ? Savons-nous expliquer nos préférences d’interprétation des phénomènes auxquels nous sommes confrontés ? Sommes-nous vraiment conscients des limites de notre rationalité, de nos biais cognitifs et de nos croyances partisanes ?
Ces questions sont cruciales tant notre qualité de vie dépend de notre mode de raisonnement et de notre capacité à l’entretenir. Certes une part de cette qualité de vie est conditionnée par un certain déterminisme social dont nous sommes souvent ignorants des causes.
Mais la prégnance du contexte socioculturel sur nos vies est loin d’épuiser le sujet car, si nous ne sommes pas totalement libre d’agir comme nous le souhaitons, nous sommes aussi extrêmement réactifs et avons toujours des marges de manœuvre à l’intérieur du champ des possibilités qui nous sont offertes. Les arbitrages que nous opérons alors sont directement liés à notre mode de raisonnement.
Il apparait donc utile de s’interroger sur la façon dont nous pourrions limiter les nombreuses distorsions dont nos modes de raisonnement sont victimes.
Légion sont les penseurs, éducateurs et médecins qui se sont intéressés à cette question. Parmi eux, Matthew Lipman définit une pensée critique comme une capacité à penser critiquement par opposition à simplement critiquer.
Ici, penser critiquement invite à développer un jugement nuancé, pertinent et non dogmatique grâce à un mode de pensée que l’on peut appréhender à partir de 3 qualités complémentaires.
D’abord, la prudence, celle qui s’impose entre l’aplomb des croyances et autres vérités établies sur le dos d’une tête d’épingle et la nonchalance du scepticisme érigée en stratégie de non confrontation des idées, des expériences et des opinions.
Ensuite on trouve le courage, car la pensée critique est aussi un mode de pensée courageux qui invite au questionnement et à l’exploration de nouvelles perspectives pouvant aller jusqu’à remettre en cause ses propres croyances, expériences et intuitions.
Le courage c’est aussi la capacité à dire « Ça dépend », non pas parce qu’on ne sait pas, mais parce qu’on a fait plus ou moins le tour de la question.
Enfin il y a une dimension vertueuse dans la pensée critique dans la mesure où le mode de raisonnement est antitotalitaire. Il ne cherche pas la vérité absolue. Au contraire, il est même pétri de cette humilité qu’impose la complexité des sujets qu’il aborde et mû par l’envie d’apporter un éclairage constructif.
A titre d’exemple, l’idée selon laquelle le prix est un point d’équilibre entre l’offre et la demande est un principe qui est loin d’épuiser le sujet. Dans son livre Le prix, Paul Jorion démontre comment ce principe occulte opportunément l’importance déterminante des rapports de force entre les acteurs concernés.
A l’arrivée, la pensée critique est un mode de raisonnement éminemment exigeant et créatif, prompt à mettre en perspective la variété des intérêts en présence afin de rendre le jugement aussi éclairé et éthique que possible.
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