Quand acheter de l’art est un signe distinctif de statut social

Parmi les managers à hauts revenus, posséder de l’art ne relève pas seulement d’un goût esthétique : c’est un marqueur de distinction. Depuis Thorstein Veblen et sa théorie de la "consommation ostentatoire", on sait que certaines dépenses ont pour fonction d’afficher un capital culturel et social. Pour un manager à hauts revenus, collectionner de l’art contemporain ou investir dans des artistes émergents, c’est afficher sa capacité à comprendre des codes sophistiqués, à se mouvoir dans des univers élitistes, et à faire partie d’un entre-soi mondain, cultivé et globalisé.

Acheter de l’art, c’est aussi réseauter

Les foires internationales (Art Basel, la FIAC devenue Paris + ou encore Art PAris), les vernissages privés et les ventes aux enchères sont devenus des lieux de rencontres stratégiques. À l’instar des loges VIP dans les stades, ces événements permettent aux dirigeants de croiser fonds d’investissement, artistes en vogue, et décideurs économiques. L’art y joue un rôle de médiation sociale : il rapproche, rend la conversation fluide, et légitime des alliances.
Le tableau comme carte de visite.

Optimisation fiscale et diversification patrimoniale

Acheter de l’art peut aussi être… fiscalement intéressant. En France, les entreprises peuvent amortir une œuvre d’art pendant cinq ans sous certaines conditions Par ailleurs, les œuvres d’art ne sont pas soumises à l’IFI, l’Impôt sur la Fortune Immobilière, ce qui en fait un actif de choix pour les dirigeants fortunés. En cas de revente, la fiscalité reste avantageuse comparée à d’autres placements. Dans un monde d’incertitudes géopolitiques et monétaires, l’art agit aussi comme une valeur refuge.
Beauté et abris fiscaux réunis.

Un acte de mécénat valorisant

Enfin, l’achat d’art peut être présenté comme un acte altruiste et engagé. Soutenir la scène artistique locale, financer des résidences d’artistes ou prêter des œuvres à des musées permet aux dirigeants de renvoyer une image responsable et éclairée. Dans une ère de "capitalisme moral", comme le théorise Luc Boltanski, ce positionnement a une valeur réputationnelle stratégique.
Générosité bien comprise, image valorisée.