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Catastrophe : le pire n'est pas certain

Publié le mardi 12 janvier 2021 . 4 min. 06

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Comment se peut-il qu’après des mois de crise pandémique sur tous les continents du globe notre monde ne se soit pas encore effondré ? Voilà ce qui devrait surprendre, un peu, la grande majorité d’entre nous en France qui déclare probable l'écroulement menaçant de notre civilisation. Et beaucoup, celles et ceux qui avaient annoncé qu’elle ne résisterait pas à une crise sanitaire de grande ampleur.


Et pourtant force est de constater que l’effondrement n’a pas encore eu lieu, que l’Etat continue à jouer son double rôle régalien et providentiel, que beaucoup d’entreprises et d’institutions se sont adaptées grâce au télétravail, qu’enfin malgré quelques interruptions fugaces nos écoles restent ouvertes à celles et ceux désireux d’apprendre. Bref, la fin du monde a été remise à plus tard.


Pour Catherine et Raphaël Larrère, une philosophe et un ingénieur agronome, mari et femme à la ville, ce constat vient contredire formellement les thèses effondristes les plus pessimistes. Dans leur remarquable étude Le pire n’est pas certain – Essai sur l’aveuglement catastrophiste, ils adressent aux collapsologues de toute obédience une critique informée et implacable.


Pour cela ils prennent soin de distinguer deux formes de catastrophismes qui puisent pourtant dans les mêmes sources théoriques, notamment chez Hans Jonas, l’homme du principe de prévoyance qui aboutira au principe de précaution. 


-premièrement, un catastrophisme méthodologique, dont les auteurs se rapprochent le plus et qui consiste à imaginer la catastrophe pour mieux la contrer. On retrouve dans cette lignée le philosophe français Jean-Pierre Dupuy.


-et secondairement un catastrophisme ontologique qui, selon les effondristes tels que l’ancien ministre Yves Cochet, considèrent que la science elle-même a rendu son verdict et qu’il est sans appel : il est certain que le monde va s’écrouler sur ses bases. Il s’effondrera du fait de la vitesse avec laquelle une crise, une défaillance d’un sous-système, par exemple médical dans le cas d’une crise pandémique, s’étendra à l’ensemble de la planète, et donc au système tout entier.


Or pour nos auteurs c’est au plan de la logique que le catastrophisme éclairé montre sa supériorité sur son challengeur ontologique. Car c’est précisément parce que notre système général est complexe que l’issue est incertaine. Complexe cela signifie en fait profondément indéterminé et hypothétique.


Aussi, s’appuyant sur le précieux travail de Jean-Pierre Dupuy, ils montrent qu’annoncer la fin du monde à une date déterminée, quelle qu’elle soit d’ailleurs, n’a strictement aucun sens. En effet, si cet effondrement était certain, disons pour 2030, il aurait lieu instantanément, sur le champ, car plus personne n’investirait dans rien, plus aucun acteur économique ne ferait confiance à quelque partenaire que ce soit. Tous les modèles d’affaires deviendraient aussitôt obsolètes. Et du même coup la prédiction des collapsologues s’avérerait fausse.


Ici, explique Dupuy cité dans le livre, le « raisonnement par « inférence rétrograde » (backward induction en anglais) s’applique(rait) alors classiquement : en 2029, la valeur des créances, y compris la monnaie, tomberait à zéro, puisqu’aucun remboursement ne serait possible ; pour la même raison, il en irait de même en 2028 et dans toutes les années antérieures. » (p. 84).


Cet aveuglement des collapsologues, les auteurs l’attribuent à une raison qui pourrait surprendre : leur goût pour les courbes et les tableaux de chiffres que l’on prête en général davantage aux défenseurs du modèle thermo-industriel classique. Or cette prédilection pour les indicateurs et les données quantitatives ne révèlent rien des dynamiques qui sont à l’œuvre et tendent à trop vite confondre la carte et le territoire réel.


Mais, ne cédant pas trop vite aux charmes des courbes les plus catastrophistes, refusant de confondre éventualité et certitude quant à l’avenir, Larrère et Larrère nous rappellent cependant que le « business as usual » est au moins aussi blâmable. Nous savons qu’à ce rythme de destruction des ressources naturelles notre modèle extractiviste n’est pas durable, et que la nature ne pourra bientôt plus donner à nos machines ce dont elles ont besoin pour fonctionner. Que faire alors ? Eh bien ne pas céder trop vite à la résignation d’une part indiquent les auteurs, reprenant notamment à leur compte l’idée des cahiers de doléances de 1789 que le philosophe Bruno Latour à sa manière remet à jour depuis quelques années, dans le but d’examiner sérieusement deux points : ce à quoi nous tenons vraiment, et décider, à la fin des fins, ce dont nous devrons être capables de nous passer. 


Réf.

Larrère, C. Larrère, C. (2020). Le pire n’est pas certain – Essai sur l’aveuglement catastrophiste. Premier Parallèle, Paris.


D'APRÈS LE LIVRE :

Le Pire n'est pas certain: Essai sur l'aveuglement catastrophiste

Le Pire n'est pas certain: Essai sur l'aveuglement catastrophiste

Auteur : Catherine Larrère et Raphaël Larrrère
Date de parution : 10/09/2020
Éditeur : 1er Parallèle
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