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Faut-il se soumettre à l'idéologie de l'innovation ?

Publié le jeudi 5 avril 2018 . 3 min. 41

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Quelle que soit notre position en entreprise, nous sommes amenés, croit-on, à devoir innover. Et chacune et chacun d’espérer être un jour qualifié d’innovateur au point que le contraire pourrait possiblement nous vexer. Dans les organisations nous trouvons en effet deux catégories d’individus : ceux qui innovent, et les autres.


Ainsi l’innovation est-elle petit à petit devenue notre seul critère de jugement. Il ne s’agit plus de savoir si une action est bonne ou mauvaise, mais d’évaluer si elle innove assez, dans ce cas elle sera jugée bonne, ou pas assez, et alors elle sera considérée comme mauvaise. Tout indique donc que l’innovation est toujours chargée de valeurs extraordinairement positives au point de constituer le mot-clé de l’économie contemporaine, la « stratégie supérieure » de toute organisation s’imposant sur son marché.


Or, pour Benoît Godin, chercheur à l’INRS de Montréal, toute cette affaire d’innovation et l’utopie qu’elle sous-tend, procède d’abord d’un vaste aveuglement collectif. Dans son livre Innovation contested, que l’on pourrait traduire par « Litigieuse innovation », il montre deux choses.


La première est que le mot nécessiterait une définition précise. Est-elle seulement l’apport de quelque chose d’inconnu auparavant ? Ou alors le renouvellement de quelque chose d’ancien ou passé de mode ? Car si le concept aujourd’hui paraît avoir remporté la bataille d’influence, qu’en est-il du rapport avec les termes d’invention, que privilégiait le XIXème siècle, d’imagination ou même de création que préfèrent encore utiliser les artistes contemporains ? Bref, en voulant tout dire des processus imaginatifs, créatifs et inventifs des organisations, signifie-t-elle encore précisément quelque chose ?


La seconde, sur laquelle l’auteur met l’accent, consiste à montrer que l’innovation n’a pas toujours eu ce caractère positif : considérée comme négative aux temps des Grecs anciens, qui voyaient là une contestation des lois et des moeurs en vigueur, puis modérément positive durant le Moyen-âge, où il s’agissait alors de comprendre l’innovation sur un plan spirituel, innover c’était alors renouveler son  âme. Elle devint mal considérée à partir de la Réforme avant de redevenir jusqu’à aujourd’hui le contrepoison de tous les problèmes organisationnels.


Godin prend d’ailleurs l’exemple de Machiavel : selon le grand penseur italien, le monde en effet n’a pas besoin d’innovation pour changer car il change tout le temps sans l’aide de quiconque, c’est pourquoi selon lui l’innovation a en fait pour rôle de donner une stabilité au pouvoir. C’est là tout le contraire de ce qu’on imagine être l’innovation : le monde est stable et les organisations trop rigides, il faut donc les bousculer en innovant.


Il convient donc de développer une approche critique de l’innovation, en tenant de sortir de ce qu’il faut bien appeler une idéologie. C’est ce qu’il s’emploie à faire, notamment avec Dominique Vinck et de nombreux auteurs dans un ouvrage collectif, Critical Studies of Innovation, dans lequel ses premières intuitions sont prolongées. Celles-ci discutent des aspects souvent passés sous silence comme la résistance à l’innovation, l’imitation ou le mimétisme. Ils y développent cette idée que si les managers aiment tant ce mot c’est parce qu’ils lui attribuent la raison de leurs éventuels succès. Plus leur vision est innovante, mieux leur entreprise réussit sur le marché. Il est toutefois intéressant de constater que lorsqu’ils observent les difficultés de leurs concurrents ils utilisent la méthode inverse : ce n’est pas de leur faute mais du fait de facteurs externes négatifs. Les psychologues évoquent alors « l’erreur d’attribution » : si j’innove et je gagne c’est grâce à moi, si les autres perdent c’est parce qu’ils ont manqué de chance.


Face aux discours convenus entendus un peu partout, donnons pour conclure raison aux auteurs de ces deux livres : l’heure d’une mise à distance critique de ce concept ambigu et plurivoque qu’est l’innovation a bel et bien sonné.


D'APRÈS LE LIVRE :

Innovation Contested : The Idea of Innovation Over the Centuries

Innovation Contested : The Idea of Innovation Over the Centuries

Auteur : Benoit Godin
Date de parution : 30/01/2015
Éditeur : Taylor & Francis Ltd
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