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Homo detritus, critique de la société du déchet

Publié le jeudi 16 novembre 2017 . 3 min. 48

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On estime aujourd’hui à 275 millions le nombre de tonnes de plastiques que l’humanité déverse chaque année dans les océans. La tendance ne devrait faire qu’augmenter, au moins jusqu’en 2100. Tel est le constat accablant d’un texte paru en 2015 dans la très sérieuse revue Science.


Face à de telles perspectives, nous voyons se dessiner deux logiques quant à la question détritique: l’une est celle du modèle croissanciste traditionnel dans lequel on imagine pouvoir trouver un jour une solution d’ordre technologique au problème, l’autre est celle de l’économie dite circulaire ou du zéro-déchet, où l’on souhaite minimiser l’utilisation de matériaux non-renouvelables, ou non-recyclables, afin de favoriser la double reconnaissance réciproque de la technosphère et de la biosphère.


Dans les deux cas nous dit Baptiste Monsaingeon, chercheur à l’Ifris, dans son essai titré Homo detritus, critique de la société du déchet, nous manquons peut-être la question essentielle à savoir : qu’est-ce ce que disent les déchets sur les êtres que nous sommes ? Pour Monsaingeon  en effet ces deux positions apparemment opposées sont en fait sous-tendues par la même idéologie que nous héritons de notre histoire. Cette idéologie qui prend son sens dans l’hygiénisme d’abord, sous l’action notoire du préfet Eugène Poubelle qui au XIXème siècle fut entre autres l’inspirateur du tout-à-l’égoût, et de l’écologie politique ensuite, et la promesse d’un monde durable et sans surplus.


Cet eco-citoyen que nous sommes tous devenus plus moins devenus, est proprement un homme « désencombré » au sens du philosophe Michael Sandel, c’est-à-dire un être léger qui se contente d’oublier ses traces, comme il se plait à effacer de sa mémoire ses origines culturelles et sociales. Mais cet individu « désencombré » que nous sommes, pourra-t-il longtemps, en se donnant bonne conscience, procéder au tri sélectif lorsqu’il se rend à la décharge, s’empêchant de penser que son geste est d’abord symbolique par rapport au fait, par exemple, que la moitié des plastiques produits dans le monde ne sont jamais pas traités ? Que son geste au fond est dérisoire, même s’il n’est pas insignifiant, par rapport à la hauteur des enjeux et au caractère irrévocable de certains choix industriels du passé. Nous sommes loin d’être certains de parvenir à maîtriser un jour cette manière que nous avons eu de jeter sans compter.


L’analyse de Monsaingeon éclaire finalement une tout autre perspective. Car n’y-aurait-t-il pas, dans ce phénomène récurrent à l’échelle de l’humanité, quelque chose qui rappelle la notion de souveraineté telle qu’envisagée par l’écrivain George Bataille : ne vivons-nous pas dans l’excès, et non selon un principe d’utilité, précisément pour affirmer notre puissance ? Et puis une société sans traces est-elle finalement possible, et si oui serait-elle préférable à la nôtre ?


L’auteur nous propose plutôt de fouiller ce tas d’ordures, d’étudier nos déchets, pour essayer de comprendre ce qu’il nous apprennent sur nous-mêmes, sur notre hubris, notre folie gaspilleuse, notre sens profond de la démesure. Il fait alors un travail original d'anthropologue ; nous ne saurions rien du paléolithique si nous n’en avions conservé aucune trace. Mais aussi de rudologue, du nom de cette science qui procède à l’étude systématique des restes abandonnés et des débris quels qu’ils soient.


Car c’est au fond à une méditation inattendue que nous invite cet ouvrage: non à propos d’un chef d’oeuvre en péril que constituerait le globe terrestre et sa puissance de régénération éternelle. Mais une réflexion dans le sens d’une nouvelle économie de l’attention à l’égard du monde et de nous-mêmes, de nos comportements compulsifs, de nos fragilités. Des nouvelles formes de sociabilité enfin que cette vulnérabilité des hommes vis-à-vis de la planète peuvent inspirer.


D'APRÈS LE LIVRE :

Homo detritus

Homo detritus

Auteur : Baptiste Monsaingeon
Date de parution : 04/05/2017
Éditeur : Le Seuil
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