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Logique, émotions : une critique de la "raison artificielle"

Publié le jeudi 22 mars 2018 . 3 min. 53

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"Un ingénieur, un mathématicien, un logicien et un philosophe voyagent ensemble sur un route d’Ecosse. Perché sur un rocher, un mouton noir les regarde passer.

-Vous avez vu dit l’ingénieur, en Ecosse les moutons sont noirs.

-Tu voulais sans doute dire que certains moutons écossais sont noirs, rétorque le mathématicien.

-Ne nous emballons pas, rajoute le logicien, tout ce que nous pouvons dire, c’est qu’il existe au moins un mouton noir en Ecosse !

-Et encore, conclut le philosophe, la seule chose dont on soit vraiment sûrs, c’est qu’il est noir de ce côté-ci."


En racontant cette courte histoire à la page 47 de son dernier ouvrage, Luc de Brabandière nous plonge subrepticement au cœur de la pensée procédurale typique de l’ère algorithmique. Homo informatix, c’est son titre, prend place parmi les essais, notamment comme ceux de Yuval Noah Harari ou de Laurent Alexandre, qui depuis quelques temps tentent de penser l’informatique avec un souci de prospective et d’analyse à long-terme.


Rien d’anormal pour cet ancien associé du Boston Consulting Group qui se présente lui-même aujourd’hui comme philosophe. Ce qui l’est davantage c’est que la formation d’ingénieur de notre auteur ne le pousse pas, c’est le moins que l’on puisse dire, à accepter trop vite les prétentions hégémoniques de la société algorithmique que l’on nous présente pourtant de plus en plus comme l’horizon indépassable de notre temps.


Par toute une série de remarques, l’auteur nous rappelle des vérités que l’on a tendance à trop vite oublier. Internet n’est pas bon, nous dit-il. Les réseaux sociaux sont souvent le lieu où s’expriment, sans nuance, haines en tout genre et malveillance à l’égard d’autrui. Internet n’est pas libre : Brabandière conteste l’image du "surf" pour parler de la circulation, ou alors nous y ramène pour nous sensibiliser au risque d’y être finalement engloutis par une vague trop haute pour nous. Internet, enfin, n’est pas gratuit : "Les données ne sont pas données" nous rappelle-t-il, "elles vous sont prises".


 Les promesses du big data ne seront pas tenues


Il est donc temps selon l’auteur de formuler une "critique de la raison automatique". Il s’y emploie ici en montrant que les promesses du big data ne pourront être tenues. Et ceci pour au moins deux raisons : d’abord leur incapacité à identifier les cygnes noirs, c’est à dire les accidents, les imprévus, que par définition nous ne pouvons prédire. Ensuite du fait de leur définition appauvrie de l’intelligence, une capacité logico-mathématique qui décompte et qui classe, mais qui ne tient pas compte de nos facultés émotionnelles.


Au fond, l’analyse des données échoue toujours à nous révéler l’essentiel. Certes l’ordinateur a ceci de bon qu’il nous délivre de certaines nécessités de la vie quotidienne, mais jamais il ne pourra désirer à notre place. Je cite l’auteur : "un ordinateur peut reconnaître, mais il ne peut pas le trouver beau. Un ordinateur a de la mémoire, mais il ne peut avoir de souvenirs. Il peut produire des images, mais n’a pas d’imagination. Un ordinateur peut apprendre de ses erreurs, mais il ne peut pas les regretter, il peut comparer des idées mais il ne peut pas en avoir."


L'urgence n'est pas de coder, mais de philosopher


Sous le flot de données mises en circulation se pose somme toute la question de leur interprétation, et du sens que nous leur donnons. Ces données ne pourront jamais remplacer notre jugement, sans quoi nous prendrions le risque, ainsi que le rappelle Brabandière, de prendre au sérieux la blague de Coluche "qui déconseillait aux gens malades d’aller à l’hôpital. Car la probabilité de mourir dans un lit d’hôpital est dix fois plus élevée que celle de mourir quand on est dans son lit à la maison."


Face aux développements de l’intelligence artificielle, le conseil formulé à Homo Informatix n’est pas de se mettre d’urgence au codage mais de philosopher sans tarder. Car c’est moins le risque d’une intelligence artificielle capable d’ériger sa propre intentionnalité que nous devons craindre, que notre incapacité à reposer, dans nos écoles, nos entreprises et nos laboratoires, les questions fondamentales de l’horizon éthique que nous donnons à notre action, transformée par le perfectionnement des machines.


D'APRÈS LE LIVRE :

Homo informatix

Homo informatix

Auteur : Luc de Brabandère
Date de parution : 19/09/2017
Éditeur : Le Pommier
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