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L'art d'être oisif dans un monde de dingue

Publié le mercredi 15 mai 2019 . 4 min. 33

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« Ô silencieuse meurtrière, Paresse, ne garde plus – Mon esprit emprisonné – Et toi, Sommeil, ne me laisse pas – Perdre une heure de plus en ta société ». En s’exprimant ainsi sur le réveil matinal, la dame patronnesse Hannah More voulait rappeler à ses contemporains les affres de la nonchalance, du trop-plein de repos, bref de toute forme de relâchement.


Or, pour Tom Hodgkinson l’auteur de L’Art d’être oisif, c’est tout le contraire qu’il faudrait dire : « Après une bonne nuit (…), je me sens différent » raconte-t-il. « Je suis joyeux, serviable, plein de mansuétude. Je peux faire une journée de travail en trois ou quatre heures, ce qui laisse plus de temps pour paresser. ». Arriver tard au bureau n’est pas un problème bien au contraire, dès lors qu’on y parvient en étant maître de soi et non écrasé de fatigue. Pour nous en convaincre, il s’appuie sur le Droit à la paresse du gendre de Karl Marx Paul Lafargue qui rappelait que « Dieu lui-même, après avoir travaillé six jours, s’est reposé pour l’éternité. »


Dans ce court essai par endroit très jubilatoire, le créateur de la revue The Idler, L’Oisif, fondée il y a plus de vingt cinq ans, entreprend notamment de revaloriser la lenteur. Il rappelle avec délice qu’au milieu du 19ème il était de bon ton, dans les rues les plus élégantes, de promener une tortue plutôt qu’un chien. Il vient également au secours de la sieste, de l’heure du thé et de la pratique de la pêche. Toutes ces choses comme pour donner raison au célèbre économiste John Maynard Keynes dans sa Lettre à nos petits-enfants qui annonçait qu’un « jour viendra où nous saurons ‘honorer (…) les êtres charmants qui savent prendre plaisir aux choses, les lis des champs qui ne travaillent ni ne filent.’ » Et pour donner tort à Gordon Gekko, l’antihéros du film Wall Street d’Oliver Stone lorsqu’il s’exclame que « le déjeuner c’est pour les mauviettes ! ».


Car chez notre essayiste joyeusement fainéant, rien ne paraît plus important que le déjeuner du midi passé à enrichir la conversation plutôt qu’à mâcher seul. Il fait partie des adeptes du « slow food » et un opposant obstiné du café d’après-repas, qui excite nous dit-il la nervosité plutôt que l’efficacité, augmente la dose de stress et les chances de développer un ulcère, rien de très bénéfique il faut bien reconnaître pour la lucidité dont nous avons tous besoin dans la vie professionnelle.


Le manque de sommeil il s’en amuse d’ailleurs, et nous avec lui, lorsqu’il reprend les paroles d’un personnage d’un roman de Jonathan Coe qui s’exprime ainsi à propos d’un ancien premier ministre britannique : « vous vous figurez ce que peux signifier pour une femme de la trempe de Margareth Thatcher, avec sa force de caractère, d’être obligée d’être prostrée chaque nuit dans cette lamentable posture de soumission ? Le cerveau hors de contrôle, les muscles flasques et inertes ? Ce doit être insupportable. »


In fine ce plaidoyer pour la décontraction peut se lire comme une défense de la vraie disponibilité. Le paresseux doit être prompt s’il veut pouvoir se reposer plus longtemps. Le paresseux doit aussi avoir des qualités d’entrepreneur au sens du personnage de Tom Sawyer, imaginé par Mark Twain que je cite : « (Saywer) usant de son ingéniosité pour convaincre les autres de faire le travail ingrat pendant qu’il assiste depuis sa loge à des courses équestres un mardi après-midi. »


Pas sûr toutefois que cette définition corresponde bien à la figure de l’entrepreneur aventureux, qui voit dans l’aventure elle-même sa propre finalité, développée dans une autre vidéo. En revanche, cet éloge de la posture consistant à donner du temps au temps, a le mérite de nous ramener à cette séparation classique entre l’otium, le temps de la contemplation et du loisir, et le negotium, l’activité de commerce. Les philosophes stoïciens ne s’y étaient pas trompés ; selon eux il était important de faire subsister l’un et l’autre. Le maintien de l’otium, ce qui n’a pas de prix, mêlé avec le negotium, qui assure la subsistance de chacun, voilà qui formait chez le philosophe Sénèque un mélange essentiel et fondateur de la vie du Sage. Avec toutefois cette précaution importante formulée à l’attention du oisif : « c’est un bien incomplet et de faible secours qu’une vertu qui reste vautrée dans le loisir sans rien faire et sans jamais communiquer ce qu’elle a appris ».

Réf.

Hodgkinson, Tom (2018), L’art d’être oisif… dans un monde de dingue, Les liens qui libèrent, Paris.


D'APRÈS LE LIVRE :

L’art d’être oisif dans un monde de dingue

L’art d’être oisif dans un monde de dingue

Auteur : Tom Hodgkinson
Date de parution : 03/10/2018
Éditeur : Les Liens qui libèrent
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