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Les migrations sont un phénomène à propos duquel aujourd’hui chaque nation se doit de s’interroger.  Et il faut bien constater que c’est souvent à l’aune de cette question que se détermine, dans les nations occidentales du moins, l’appartenance à un camp politique. Aujourd’hui la « crise des migrants » comme on l’appelle un peu vite structure en grande partie nos débats de société.


Rien d’étonnant à cela selon Michel Agier, un anthropologue directeur d’études à l’EHESS, pour qui une grande part de ce que nous sommes est déterminée par la place que nous laissons à l’étranger, lorsque c’est le cas, selon quatre motivations primordiales : la souffrance à laquelle il est exposé et que nous ressentons comme intolérable, sa ressemblance avec nous, sa différence, que l’auteur appelle la « cause exotique ». Et enfin lorsque nous estimons que l’étranger se comporte en héros et qu’il convient donc de lui apporter un soutien attentif.


Dans son ouvrage, L’étranger qui vient – repenser l’hospitalité, il observe d’abord qu’un monde inhospitalier serait par définition invivable dans la mesure où c’est précisément dans la confrontation à l’autre, au différent, que nos sociétés sont en mouvement et peuvent évoluer. Notons toutefois que cette observation est faite, et c’est là tout la nuance essentielle de l’ouvrage, sans se voiler la face : l’étranger, le migrant, est toujours un intrus. « On trouve ce sens dans l’anglais foreigner » explique Agier, « et aussi dans l’espagnol forastero ou encore le français forain : en vieux français, le forain c’est « l’étranger au village », la « personne qui n’est pas du lieu ». L’anglais est aussi particulièrement éclairant ici, langue dans laquelle le mot « host » veut dire l’hôte, l’hébergeur, si proche de cet autre mot qu’est « hostage », qui signifie otage, prisonnier. Celui qui reçoit est lui aussi le détenu de celui qu’il accueille, la relation entre les deux étant toujours asymétrique, jamais égalitaire. Exit donc, tous les projets qui tendraient à nous faire croire que l’hospitalité est un don sans retour : on le voit à travers les témoignages qu’évoquent l’auteur concernant « le burn-out des acteurs associatifs, le « surinvestissement » des hébergeurs » ou encore la « fatigue de familles » des hébergés ».


En réalité cet essai, qui n’est donc pas un traité de bons sentiments, réinterroge ce circuit de nouvelles obligations, cette mise à l’épreuve, qu’est toujours l’expérience de l’hospitalité. Hospitalité qui peut d’ailleurs s’entendre comme hostilité : or c’est précisément pour tenter de sortir de cette ambivalence, et de cette impasse, que le philosophe allemand Emmanuel Kant formulait en 1795 sont Projet de paix perpétuelle. Il s’agissait de prendre acte du fait que notre terre étant ronde, la citoyenneté du monde, le cosmopolitisme, au final la cessation des hostilités, passaient forcément par un droit de circuler d’un pays à l’autre. Que ce droit était nécessairement la condition de la paix, et celle du développement économique et culturel.


Or écrit Agier, force est de constater aujourd’hui que « la Méditerranée, le désert mexicain, le Sahara, le golfe du Bengale sont devenus des tombeaux de (cet) universel. » Et l’auteur de nous inviter plutôt, de façon plus réaliste peut-être, à méditer sur cette « pure intelligence du monde », selon l’expression d’Etienne Tassin, qu’est malgré tout le principe de l’hospitalité.
Cette intelligence du monde toujours requise du reste à l’échelle des Etats aussi bien qu’à celle des organisations. Rendre les organisations plus « hospitalières » ne serait-ce pas, pour beaucoup d’entre elles, afin qu’elles soient plus civilisées et donc humaines, un noble objectif ? Car dans l’entreprise, dont l’identité organisationnelle n’est jamais que la transgression d’identités antérieures comme l’ont fort bien montré les travaux d’Olivier Babeau et Jean-François Chanlat consacrés à l’innovation, il en va un peu de même : la place que nous faisons à celles et ceux qui viennent renforcer le groupe par leur présence exprime pour l’essentiel la culture d’entreprise, qui peut être close en effet : ou fort heureusement, pour son renouvellement et sa revitalisation, plus ouverte.

Réf.

Agier, Michel. (2018), L’étranger qui vient – repenser l’hospitalité, Seuil, Paris.


D'APRÈS LE LIVRE :

L’étranger qui vient – repenser l’hospitalité

L’étranger qui vient – repenser l’hospitalité

Auteur : Michel Agier
Date de parution : 11/10/2018
Éditeur : Le Seuil
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