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L'invasion du Globish et de l'Anglobal : et le bonheur du français ?

Publié le jeudi 16 décembre 2021 . 4 min. 29

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« Speak white » ! (point d’exclamation). Cette injonction, méconnue en France, a longtemps été employée par les patrons canadiens qui souhaitaient imposer de force l’anglais dans la région du Québec. Depuis, le « Parlez blanc » est devenu un signe de ralliement pour les francophones québécois qui refusent de parler la langue dominante.


C’est aussi le titre d’un tract publié cette année par Alain Borer chez Gallimard qui remarque (p. 6) que « chaque jour, des milliers de voyageurs étrangers qui atterrissent à Paris s’étonnent de se voir invités à « bruncher on top de la tour Montparnasse pour soirées chill, DJ sets ou blindtests ». « La France » explique-t-il, « c’est Disneyland à tous les étages ?! (Et) Halloween toute l’année ».


En résumé : « Pourquoi renoncer au bonheur de parler français ? », car telle est bien la question posée ici à tous les francophones qui ont pris l’habitude, dans le cadre des conseils d’administration de quelques grandes sociétés françaises comme Renault ou Air France par exemple, de remplacer leur langue maternelle, devenue croient-ils une sorte de dialecte, par l’usage d’une langue concurrente. Une langue qui n’est pas l’anglais à proprement parler mais plutôt deux idiomes assez distincts :


->en tête le globish, le global english, une sorte d’outil pour communiquer « sans déclinaison, sans féminin et passe-partout » (p. 38). Comme l’indique l’auteur, le globish ne reconnaît pas la relation homme/femme en effet, là où des langues comme l’espagnol distinguera hermosa de hermoso procédant ainsi (p. 30) à « un marquage au corps et (à une) naturalité de la distinction de genre. » Le français utilise la voyelle, le e muet en l’occurrence, comme dans charmé (é ou ée) qui suggère « une co-présence ontologique ».  « Quand autrice est choisie contre auteure (avec un e) » ajoute Borer page 32, « c’est la séparation qui est préférée à la co-présence ». En clair : si on doit dire « autrice » on penche du côté anglo-américain, si on dit auteur(e), alors nous permettons à la langue française de garder cette teinte qui lui est propre.


-> il faudrait également indique l’auteur faire une place à l’anglobal, dans lequel certains mots issus de la langue anglaise ont pris la place des mots issus d’autres langues : « fake news » au lieu de contre-vérités ou « live » pour parler d’une retransmission en direct. Un anglobal qui se transforme en anglolaid comme explique Borer lorsque « des français auto-colonisés imitent l’anglais » comme dans l’expression « silver economy » pour évoquer « l’économie des seniors » alors que l’expression « silver economy » n’a, en anglais justement, aucun sens.


Mais avec le globish et l’anglobal, comme avec tous les esperanto et les volapük du passé, que perdons-nous au juste ? Nous perdons en nuance, nous perdons en précision aussi.. mais nous nous faisons, plus grave encore, une fausse idée de l’autre : en anglais en effet you ou your se disent en sept mots en français : tu, vous, ton, ta, tes, vos et votre. « You s’adresse à qui que se soit. You est un code-barre » indique l’auteur p. 27. Et notre essayiste de tirer la conclusion que si l’anglais s’intéresse d’abord au consommateur indifférencié et indifférenciable, le français s’adresse à la personne dans ses multiples dimensions.


Au fond si ce texte insiste beaucoup sur les qualités du français, il faudra ajouter que c’est en fait la singularité des langues, de toutes les langues, qui importe avant tout, et donc un souci de traduction qui doit sans cesse nous animer, notamment dans le monde des échanges économiques internationaux. Prenons exemple sur le bilinguisme officiel au Canada ou la constitution de 1996 en Afrique du sud qui reconnaît onze langues nationales, parmi lesquelles le zoulou ou le ndébélé, où le respect mutuel tient aussi au plurilinguisme. Ou plus récemment, dans un tout autre domaine, où la résistance s’organise, du côté de la fédération de la Haute couture et de la mode qui s’est associée au Ministère de la culture pour publier un petit document, « La mode en français », que vous pouvez consulter en ligne. Et où on apprend que casting se dit en fait audition. Storytelling, mise en récit. Moodboard, planche de tendances. Et showroom salle d’exposition.


Pour conclure, il conviendrait donc, si l’on en croit l’auteur, 1) d’apprendre la langue anglaise 2) de maîtriser le dialecte au service de la communication et des affaires qu’est le globish, et 3) de résister autant que faire se peut à l’anglobal, tout en continuant à pratiquer le français par séquence et faire ainsi comme les oiseaux -le plus petit mot de notre langue contenant toutes les voyelles -, en particulier les hirondelles, nées en France, qui « choisissent de passer l’hiver en Afrique francophone » (p. 43).


D'APRÈS LE LIVRE :

«Speak White !» Pourquoi renoncer au bonheur de parler français ?

«Speak White !» Pourquoi renoncer au bonheur de parler français ?

Auteur : Alain Borer
Date de parution : 29/04/2021
Éditeur : Gallimard
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