Connexion
Accédez à votre espace personnel
Recevez nos dernières vidéos et actualités quotidiennementInscrivez-vous à notre newsletter
ÉCONOMIE
Décryptages éco Intelligence économique Intelligence sectorielle Libre-propos Parole d'auteur Graphiques Notes de lecture
STRATÉGIE & MANAGEMENT
Comprendre Stratégies & Management A propos du management Parole d'auteur
IQSOG
RUBRIQUES
Économie généraleFranceEurope, zone euroÉconomie mondiale Politique économique Emplois, travail, salairesConsommation, ménagesMatières premières Finance Géostratégie, géopolitique ComprendreManagement et RHStratégieMutation digitaleMarketingEntreprisesFinanceJuridiqueRecherche en gestionEnseignement, formation
NEWSLETTERS
QUI SOMMES-NOUS ?


Les Français face aux épreuves de la vie

Publié le mercredi 16 février 2022 . 4 min. 02

Voir plus tard
Partager
Imprimer

Les réactions collectives aux atteintes à l’intégrité personnelle ne seraient-elles pas devenues un motif majeur d’irritation de la population ? Si l’on y regarde de près, les mouvements #MeToo et Black Lives Matter, le rapport Sauvé révélateur des abus sexuels dans l’Eglise Catholique, aussi bien que les succès en librairie des ouvrages de Camille Kouchner – La familia grande – ou celui de Vanessa Springora – le consentement –, ont ceci de commun : ils concernent des individus qui souhaitent « reprendre le contrôle sur leurs existences et rompre avec le sentiment contemporain d'impuissance » (p. 15).


Il s’agit là des termes qu’emploie le sociologue Pierre Rosanvallon, Professeur émérite au Collège de France, dans le livre qu’il consacre à une meilleure compréhension des Français d’aujourd’hui, en partant précisément de ce terme d’épreuve, autour duquel s’articule son analyse. Epreuves qui sont au nombre de quatre :


- En premier lieu le mépris, surtout lorsqu’il paraît sous les traits de l’affection feinte. « De quel pays venez-vous ? » formulé à des Français d’origine africaine ou asiatique par exemple.


- En second lieu, c’est l’épreuve de l’injustice qui semble nourrir le ressentiment des personnes économiquement les plus fragiles. Un ressentiment qui semble moins se loger dans les données objectives de l’appartenance à une classe sociale, que dans l’expression de frustrations liée à la difficulté d’être soi. Difficultés qui ne font qu’alimenter le populisme ambiant, mais qui surtout tendent à fragmenter toujours plus la société, au travers d’une « difficulté à désigner un nouvel acteur central de l'émancipation sociale » (p. 12).


- La discrimination constitue une troisième catégorie d’épreuves qui menacent la vie psychique et physique des individus. Toutefois les personnes discriminées ne forment pas un groupe partageant les mêmes caractéristiques, loin s’en faut. Car ces discriminations sont vécues par des individus qui ont des histoires personnelles souvent très différentes, interdisant du même coup une réappropriation collective.


-Enfin l’épreuve de l’incertitude sur l’emploi et sur l’état de la planète, sources d’angoisses partagées, qui n’a fait que se renforcer depuis l’apparition de la Covid19.


Or c’est sur un plan dynamique qu’il faudrait apprécier les conséquences de chacune de ces épreuves, qui ne font que renforcer ce que l’auteur nomme un individualisme de singularité (p. 69). Individualisme qui rendrait en partie caduques les fondements conventionnels de l’analyse sociologique s’articulant sur (p. 82) « des ordres, des classes et des corps ». Car ce seraient avant tout les événements de notre vie qui finalement nous définiraient le mieux. Ce qui rendrait inopérant, comme s’était jadis proposé un sociologue de le faire, « d'aborder les différences de condition entre les familles ouvrières en distinguant celles qui ‘s'élèvent’, celles qui ‘s'en sortent’ et celles qui ‘s'enfoncent’, alors qu'elles pouvaient, remarque Rosanvallon, partager les mêmes caractéristiques statistiques. » (p. 81)


L’auteur note également que le mouvement des Gilets Jaunes, un mouvement populaire marqué par la disparité sociologique de ses composantes et une représentation sans leaders officiels, est typique d’un nécessaire nouvel art de gouverner et d’un nouvel âge de la représentation « à l’âge des singularités » (p. 78). Marqué aussi par l’expression des affects, comme le ressentiment, la colère et l’angoisse, auxquels doivent faire face aujourd’hui de nombreux décideurs dans les ministères, dans les administrations mais aussi dans les entreprises.


Rosanvallon en conclut que « la sociologie doit ainsi avoir une dimension cinématographique à côté des traditionnels instantanés statistiques » (p. 125). Je conclurais pour ma part, moins à l’attention des sociologues que des managers intellectuellement curieux qui suivent la programmation de Xerfi Canal, que les expériences culturelles en effet, la lecture des livres en premier lieu, ont le pouvoir de nous donner à comprendre en profondeur les épreuves de la vie, surtout lorsqu’elles nous sont épargnées.


Le film Ouistream, récemment sorti au cinéma, est emblématique de ce point de vue. A l’issue d’un tel visionnage, ou d’une telle lecture, chacun comprend bien qu’à l’âge du management des singularités, les tableaux de chiffres formatés sous Excel ou la maîtrise statistique des procédés ne peuvent suffire pour constituer, à eux seuls, de bons outils pour comprendre autrement, et sous un meilleur jour, l’univers des relations professionnelles.


D'APRÈS LE LIVRE :

Les épreuves de la vie, Comprendre autrement les Français

Les épreuves de la vie, Comprendre autrement les Français

Auteur : Pierre Rosanvallon
Date de parution : 19/08/2021
Éditeur : Seuil
COMMANDER

Les dernières vidéos
Idées, débats

Les dernières vidéos
de Ghislain Deslandes

x
Cette émission a été ajoutée à votre vidéothèque.
ACCÉDER À MA VIDÉOTHÈQUE
x

CONNEXION

Pour poursuivre votre navigation, nous vous invitons à vous connecter à votre compte Xerfi Canal :
Déjà utilisateur
Adresse e-mail :
Mot de passe :
Rester connecté Mot de passe oublié?
Le couple adresse-mail / mot de passe n'est pas valide  
  CRÉER UN COMPTE
x
Saisissez votre adresse-mail, nous vous enverrons un lien pour définir un nouveau mot de passe.
Adresse e-mail :