De l'intelligence des données à l'expertise augmentée
Connexion
Accédez à votre espace personnel
Recevez nos dernières vidéos et actualités quotidiennementInscrivez-vous à notre newsletter
ÉCONOMIE
Décryptages éco Intelligence économique Intelligence sectorielle Libre-propos Parole d'auteur Graphiques Notes de lecture
STRATÉGIE & MANAGEMENT
Comprendre Stratégies & Management A propos du management Parole d'auteur
RESEARCH
RUBRIQUES
Économie généraleFranceEurope, zone euroÉconomie mondiale Politique économique Emplois, travail, salairesConsommation, ménagesMatières premières Finance Géostratégie, géopolitique ComprendreManagement et RHStratégieMutation digitaleMarketingEntreprisesFinanceJuridiqueRecherche en gestionEnseignement, formation
NEWSLETTERS
QUI SOMMES-NOUS ?

Voir plus tard
Partager
Imprimer

Sommes-nous capables de dire non? Face à une autorité qui nous intime l’ordre de faire ceci ou cela contraire à nos principes, à notre conscience, à notre instinct, serions-nous susceptibles d’opposer une résistance ferme et définitive ?


Chacun se croyant assez fort pour avoir le courage de s’opposer, la réponse naturelle paraît être qu’en effet l’indocilité, l’insoumission, voire la fronde, sont les réponses appropriées que chacune et chacun peut utiliser pour faire entendre sa voix. Que la désobéissance est la réponse éthique et politique qui toujours s’impose pour contester et bousculer les choses.


Les récalcitrants sont rares, les obéissants nombreux


Cependant, ainsi que le note Frédéric Gros, il convient de noter que les récalcitrants sont rares, et les obéissants nombreux. Alors qu’il est si facile de se mettre d’accord sur les bonnes raisons de se révolter, nous indique ce professeur de pensée politique à l’IEP de Paris, nous préférons le confort de la résignation. Le "prix" de l’insubordination est tout simplement trop élevé. Si l’on obéit, c’est parce qu’il est incommode de désobéir, mais c’est aussi par habitude : aux yeux du soumis, du subordonné, du conformiste ou tout simplement du consentant, toutes les raisons sont bonnes d’obéir jusqu’aux plus absurdes, jusqu’aux plus révoltantes.

 

Dans cet essai Désobéir, l’auteur fait également une lecture critique des expériences de Milgram, qui mettaient en évidence les risques d’une obéissance aveugle au sein d’un groupe. Il revient aussi sur le cas Eichmann, ce criminel de guerre nazi, qui déclarait au moment de son procès s’être contenté de suivre les prescriptions de sa hiérarchie militaire. "Il avait un travail à faire, des ordres à exécuter" écrit Frédéric Gros. "Il accept(ait) d’être sanctionné, mais dans ce seul cadre. Son problème était que les trains partent à l’heure." Il en faisait "un pur problème de logistique".


La force imaginative du manager face aux immobilismes


La position que Gros défend avec ce livre, c’est celle de nous faire admettre que la possibilité de la désobéissance est aussi la condition de notre responsabilité. En cela, la désobéissance est une vertu indéléguable, qui nous appartient, que nous ne pouvons céder à quiconque. Fidèle en cela à Michel Foucault dont il est l’un des spécialistes les plus réputés, l’auteur nous parle ici du rapport que nous entretenons à nous-mêmes, d’une forme de résistance active qui est tout entière dans le fait de penser. Penser en effet, c’est souvent raisonner contre soi-même, contre ses propres croyances.


Et c’est en cela que son essai est important pour les managers : sans capacité à remettre en cause leurs habitudes et les idées convenues, c’est le mimétisme qui l’emporte toujours dans une organisation. Or le management a précisément pour rôle, face aux systèmes de contrainte et d’imitation qui toujours sévissent dans les entreprises, d’opposer une force imaginative qui est aussi une forme de résistance aux immobilismes les plus périlleux pour la survie ou même le renouvellement d’un projet collectif, quel qu’il soit.


Il ne faut obéir, ou désobéir, que par conviction, non par habitude


Pour conclure, proposons toutefois une limite à l’exercice : il arrive parfois que l’insoumission devienne aussi une posture, une règle de vie, une habituation, une accoutumance pas plus noble en soi que l’obéissance ici dévaluée. En bref, la désobéissance peut devenir une drogue aussi dure que l’obéissance.


C’est bien pourquoi l’antidote est dans ce que nous rappelle Gros : il ne faut désobéir, ou obéir, que par conviction, que par consentement, plutôt que par habitude. Comme le rappelle Pascal dans cette formule bien connue : "C’est le consentement de vous à vous-même, et la voie constante de la raison, et non des autres, qui doit vous faire croire."


Acquiescer ce n’est pas toujours se résigner, et désobéir ce n’est pas toujours innover. Au fond, le grand oui du consentement n’est pas forcément moins important que le grand non des désobéissances. Pour ce qui concerne les organisations, "agiles" comme on dit aujourd’hui, elles ont assurément besoin des deux.


Publié le lundi 18 juin 2018 . 3 min. 51

D'APRÈS LE LIVRE :

Désobéir

Désobéir

Auteur : Frédéric Gros
Date de parution : 30/08/2017
Éditeur : ALBIN MICHEL
COMMANDER

Les dernières vidéos
de Ghislain Deslandes

x
Cette émission a été ajoutée à votre vidéothèque.
ACCÉDER À MA VIDÉOTHÈQUE
x

CONNEXION

Pour poursuivre votre navigation, nous vous invitons à vous connecter à votre compte Xerfi Canal :
Déjà utilisateur
Adresse e-mail :
Mot de passe :
Rester connecté Mot de passe oublié?
Le couple adresse-mail / mot de passe n'est pas valide  
  CRÉER UN COMPTE
x
Saisissez votre adresse-mail, nous vous enverrons un lien pour définir un nouveau mot de passe.
Adresse e-mail :