Les conditions d'une reprise d’entreprise en SCOP

Le nombre d’entreprises à reprendre en France est estimé à 185 000 par an . Parmi l’ensemble des solutions envisagées, la reprise d’entreprise par les salariés constitue un choix par défaut, souvent cantonné aux cas de faillites. Pourtant les bénéfices de ce type de reprise semblent importants.

Les reprises d’entreprises par les salariés se font en général sous la forme de SCOP, société coopérative et participative. De simples salariés, ils deviennent aussi copropriétaires de l’entreprise et surtout garants du devenir de l’organisation. Cette formule semble idéale sur le papier. En effet, la motivation, l’implication et la satisfaction des salariés ne peuvent que progresser. Dès lors, les salariés risquent d’être plus productifs et plus engagés et au final on peut s’attendre à ce que l’entreprise soit plus performante. La SCOP, constitue-t-elle dès lors la formule idéale pour reprendre une entreprise ?

Cela dépend des points de vue évidemment et la réussite d’un tel projet est subordonnée à quelques éléments clés. Premier élément, préalable à toute reprise, avoir l’accord du cédant, si l’entreprise n’est pas en faillite. Une vision commune et partagée entre le cédant et la communauté de travail que constituent les salariés est en effet très souhaitable.

Une fois la reprise actée, il faut veiller à transformer l’essai afin d’en faire une réussite. Une fois la reprise est effective, parfois à l’issue d’un combat acharné, comme celui par exemple des Fralib, la nouvelle organisation doit opérer une série de mutations profondes, dans un temps relativement court. En général, l’entreprise est quasi-exclusivement tournée vers la réussite économique du projet et néglige des éléments essentiels à la durabilité de la nouvelle organisation.

C’est en effet, tout un modèle social, organisationnel et humain qu’il faut reconstruire. Par ailleurs, une nouvelle gouvernance que l’on peut qualifier de démocratique doit être digérée et animée par des acteurs auparavant exclus de la prise de décision.

Dès le démarrage de la reprise en SCOP, les acteurs doivent ainsi veiller à :
- Socialiser les salariés repreneurs comme les nouveaux entrants afin de leur faire appréhender au mieux leurs nouveaux rôles et postures, notamment celui de coopérateur, codecisionnaire.
- 2e point, construire une nouvelle gouvernance équilibrée, représentative du corps social et inclusive y compris dans ses parties prenantes externes. Le fonctionnement des SCIC peut par exemple constituer une source inspiration.
- Favoriser l’acquisition des compétences, savoir-être et savoir-faires nécessaires par l’ensemble des salariés. On ne s’improvise pas administrateur de société et le travail sur la posture est notamment déterminant.

Ainsi, la reprise d’une entreprise par les salariés, notamment sous la forme SCOP peut représenter une solution très pertinente, qui n’est pas limitée aux cas particuliers des entreprises en difficultés.

Cela peut se transformer en réussite durable à condition de ne pas privilégier seulement le projet économique. Il est en effet crucial de faire rapidement basculer l’organisation sur un nouveau modèle social et également une nouvelle gouvernance, à la fois participative et équilibrée.