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Depuis quelques années, le vocabulaire du management s’est de plus en plus psychologisé. Il y a même eu une accélération avec la crise sanitaire de 20-21.


On voit fleurir des termes comme HPI, multipotentiels, zèbres, hypersensibles, hyperactifs … qui désignent des personnalités, des styles cognitifs des configurations émotionnelles et relationnelles.


Ces personnes existent, elles ont du mal à trouver leur équilibre, se faire entendre, à avoir des relations épanouissantes, à adopter les règles de fonctionnements. Ce qui les met en position de se sentir décalées, incomprises, rejetées, et qui nuit à leur performance, par rapport à ce qui est attendu ou par rapport à ce qu’elles estimeraient pouvoir fournir.


Le sujet est important et interpelle largement le management puisqu’il doit prendre en compte ces spécificités, ce qu’il ne semble pas encore bien savoir ou vouloir faire.


Compte tenu des enjeux de l’utilisation de ces termes, il est étonnant de voir combien leurs définitions sont fragiles ou encore inabouties.


En l’absence de définitions clairement partagées et adossées à des méthodologies validées par la communauté scientifique, on prend le risque de tomber dans un effet « Barnum » qui fait que tout le monde peut se reconnaître dans les descriptions proposées.


Dans ce scénario, la frontière est plus que floue entre le normal et l’anormal, le typique et l’atypique, la santé et la maladie.
Avec des définitions flottantes, nous pouvons tous être hypersensibles ou multipotentiels.


Sans garde-fou méthodologique, on risque deux dérives : l’auto-diagnostic qui explique tout, ou le diagnostic complaisant par un tiers auto-proclamé expert.


Je constate que le second scénario se met en place vu la multiplication d’écrits, de témoignages, de propositions d’accompagnement sur ces sujets. Certes, il s’agit de la mise au jour de phénomènes existants et qui n’étant pas nommés, restaient sous silence.


Mais j’alerte sur la limite très floue entre la « fabrication » de syndromes, où chacun se retrouve dans des descriptions vagues, et la réalité de difficultés d’adaptation à des systèmes qui ne sont pas pensés pour ces profils décalés.


Ne pas se poser ces questions, c’est prendre le risque de la victimisation qui enferme, de la labellisation qui discrimine.


C’est aussi prendre le risque de glisser de la singularité qui appelle le respect et la responsabilité, à l’individualisme qui engendre le repli sur soi et fait voler en éclat ce qui fait la société.


Ces mêmes questions se posent régulièrement en médecine. C’est ainsi que le British Medical Journal a par deux fois conduit une enquête sur les « non-maladies ». Le constat est édifiant : il n’y a pas d’accord général sur ce qu’est une maladie. Ce concept reste flou, comme d’ailleurs la notion de santé.


En revanche, un enseignement important est que faire étiqueter son état comme maladie peut être risqué : cela peut apporter des avantages financiers ou matériels, exempter de contraintes, attirer la sympathie, rassurer aussi car on pose des mots sur une souffrance jusque-là inexplicable.


Mais ce diagnostic peut aussi créer des problèmes comme le refus de promotion professionnelle ou de prêt bancaire. Enfin, une fois identifié comme malade, on s’expose à la stigmatisation. On n’est plus une personne mais le « zèbre », le « HPI » …
La souffrance, elle, reste vraie, elle peut même être bien plus grande quand elle n’est pas explicable par une maladie.


Boris Cyrulnik, pape de la psychiatrie en France et référent incontesté de la résilience, nous alerte aussi sur ces risques avec une formule : « nommer peut aider à comprendre mais peut aussi aveugler ». Il explique que donner un nom à l’innommable rassure, mais il y a une grande responsabilité à « lancer un nom », car, très vite : « tout le monde s’en empare jusqu’à l’absurde ». Ce qui est vrai pour un petit nombre devient une généralité fausse.


Les grandes firmes pharmaceutiques exploitent ce raccourci saisissant de façon intensive car à une pathologie correspond sûrement à un médicament à vendre.


Les médecins nous montrent la voie : soyons donc prudents en management avec l’emploi de termes définitifs !


De nombreuses méthodes existent pour distinguer le normal du pathologique, sachant qu’elles relèvent ensuite de choix basés sur des conventions partagées : on peut évoquer la distribution gaussienne, l’évaluation des centiles, l’identification des facteurs de risques, mais on peut aussi retenir le « souhaitable » ou l’ « acceptable » et c’est là que la porcelaine devient très fine, car on retombe dans une forme de relativisme où tout est dans tout.


Pour avancer, il nous faut dans ce délicat exercice de diagnostic d’une pathologie introduire la notion de responsabilité, sans nier la singularité.


C’est bien ce couple « singularité-responsabilité » qui doit rester une dynamique.


Et c’est la controverse et le dialogue qui le font vivre, préservant le fragile équilibre entre réalisation de soi et projet commun.


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