L’origami : une autre façon de penser le projet en management

Quand on demande aux managers de développer une vision, on leur donne aussi « page blanche » pour inventer de nouveaux projets, trouver des solutions innovantes.

Partir de la page blanche suppose d’écrire dessus, ce qui dans notre culture est le premier réflexe, un texte souvent très peu littéraire, encore moins poétique, même si on promeut de plus en plus le concept de story telling  : « raconte-moi une histoire.

Une autre possibilité est de dessiner, mais est-ce bien sérieux quand on manage, en dehors des cercles créatifs ou artistiques ?

Dans les deux cas, la proposition, aussi détaillée doit-elle reste plate, en deux dimensions.

Et si on essayait de penser en volume ?

Cette proposition permet d’accueillir d’autres idées, d’autres solution en 3D.

C’est ce que permet l’art de l’origami, et plus largement l’art fractal. Rappelons que l’origami est l’art d’origine japonaise de « plier du papier » et d’en faire des figures souvent très sophistiquées. L’exemple le plus emblématique de l’origami étant la grue.

C’est l'artiste plasticien, Jean-Claude Meynard qui en parle le mieux dans son ouvrage : L'animal fractal que je suis, paru aux éditions Connaissances et Savoirs, en 2018 :

« L'origami est un jeu de démultiplication des dimensions, des perspectives, à partir d'un espace limité, c'est une façon d'insérer de l'infini dans du fini, et, en ce sens, c'est un révélateur : dans une feuille de papier, dans une surface uniforme, d'apparence lisse, se cache une multitude de plis, d'angles, d'anfractuosités, se cache un territoire insoupçonné (…)
Il s’agit de redimensionner le réel puisque chaque pli, chaque arête, crée deux versants d’une même réalité, le visible et le caché, l’intérieur et l’extérieur. »

Si nous décryptons cette analyse. Quel sont les apports d’une vision de la page blanche comme un futur origami ?

• La première est de libérer de la créativité : les possibles en volume sont infiniment plus vastes qu’en 2D,
• La seconde est de penser les pliages qui vont permettre l’élaboration de l’objet dans toute leur complexité et de réfléchir à l’élaboration du projet dans ses multiples dimensions : chaque pliure a des implications multiples sur l’ensemble et leur ordre n’est pas forcément linéaire.
• La troisième est de penser le visible et le caché, ce caché pouvant être le back office mais aussi le prix à payer de chaque action.
• Le quatrième est de penser le dépliage pour revenir à la forme initiale, pour bien comprendre que le projet abouti, si concret, aussi sophistiqué soit-il a pu être élaboré à partir d’une simple feuille de papier et du génie humain. Le dépliage permet aussi de montrer l’importance de chacun des plis. C’est d’autant plus essentiel que ces pliages vont être délégués à des personnes qui n’ont que la maîtrise de l’exécution.

Ajoutons qu’une légende japonaise promet à celui qui a réalisé 1000 grues en origami verra son vœu réalisé. L’origami une autre façon de penser le projet, l’innovation en management.