Grandir, devenir adulte, c’est quitter complètement un monde fait d’insouciance, et dont la nostalgie va nous coller au corps et au cœur notre vie durant.
En effet, ce qui caractérise le petit enfant, c’est de courir, de jouer, de dormir … sans se préoccuper nullement de tout ce qui est mis en œuvre pour pourvoir à ses besoins et ses envies dans les meilleures conditions. Il y a un deus et une dea ex machina pour cela ! C’est-à-dire papa ou maman !
Cette insouciance peut dériver vers l’inconscience, quand il n’y a plus aucune mesure du danger potentiel. Ainsi sauter dans une piscine sans savoir nager, ou traverser la route sans regarder ce qui circule, sont des actes très dangereux mais commis là aussi dans l’idée qu’un bon ange gardien souvent appelé papa ou maman veille.
Le passage à l’âge adulte rompt avec cette insouciance, et marque l’entrée dans le monde du souci. Souci de soi, souci des autres, souci de l’avenir ….Mais personne ne s’y résout totalement et conserve en soi une petite part de ces moments magiques.
Une stratégie de survie dans des moments professionnels durs ou des passages existentiels difficiles va consister à reconstituer une petite bulle d’oxygène dans un environnement suffoquant.
On peut alors identifier 4 types de stratégies d’insouciance :
- L’insouciance inconsciente lorsqu’on agit en ignorant les risques et les contraintes,
- L’insouciance défensive, qui se traduit par la prise de médicaments ou l’absentéisme,
- L’insouciance refoulée avec son cortège d’actes manqués,
- Et, enfin, l’insouciance d’espoir, raisonnée, celle qui permet le lâcher prise , pour se ressourcer, pour retrouver un peu d’intimité, dans les open spaces, ou dans le travail en équipe pour résister au contrôle social.
C’est cette dernière insouciance que nous appelons de nos vœux !
Dans cette perspective, l'insouciance est un décrochage salutaire, un affranchissement nécessaire des contraintes. C’est aussi la reconquête de son imaginaire entamé par les idéaux de succès et de perfection portés par l’entreprise.
C’est là, un véritable défi pour l’entreprise : accepter la reconnaissance d'un espace de liberté intérieure des collaborateurs ! Certains managers acceptent néanmoins de le relever. Proposer des moments pour avoir des activités de déconnexions (sport, chorale, sieste…). Donner du temps pour construire des projets associatifs … Permettre le développement de l’intrapreneuriat … Affranchir les collaborateurs de grilles d’horaires sont quelques exemples intéressants.
Mais attention ! La véritable insouciance exige la confiance absolue : confiance de l’organisation envers ses collaborateurs car il s’agit bien de leur redonner de l’autonomie ; et confiance des collaborateurs envers leur entreprise, sans peur de récupération ou de manipulation.
A l'excès de sérieux de nos vies, l'expérience d'une légèreté d'être – pour reprendre l'expression de Kundera – apparaît alors comme une bouffée d'air bienvenue et salvatrice.
Publié le mardi 02 juillet 2024 . 3 min. 33
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