Sortir de sa zone de confort

Dans des moments de crise comme celle que nous traversons avec la crise sanitaire et économique de la COVID 19, la fameuse injonction «il faut sortir de sa zone de confort » prend tout son sens. Et les managers sont particulièrement attendus dans leur rôle d’exemple et de leader.

Qu’est-ce qu’une zone de confort ?

Je prends l’exemple du chant : sortir de sa zone de confort, c’est sortir de sa tessiture naturelle pour aller chercher d’autres notes plus difficiles mais qui permettent des interprétations plus riches et plus variées. En danse, c’est tenter des figures plus exigeantes physiquement pour aller plus loin dans la l’interprétation ou la compétition.

Si j’essaie de transposer ces exemples musicaux et artistiques au monde professionnel, il s’agit de sortir de la routine, c’est-à-dire  de ce qu’on fait au quotidien sans se poser trop de questions sur le pourquoi et le comment. Une routine qu’on aime et qui rassure. C’est le patineur qui glisse sur la glace avec les figures qu’il connait, c’est le nageur qui fait ses longueurs de piscine sans en augmenter le nombre, c’est le professionnel qui effectue des tâches qui ne lui demandent pas de se remettre en cause, parce qu’elles lui conviennent parfaitement, et pour lesquelles il acquiert de plus en plus de savoir-faire au cours du temps.

Sortir de sa zone de confort, c’est se mettre en danger

« Sortir de sa zone de confort » met en déséquilibre et nous sort de nos certitudes et de notre position d’expert. Le meilleur exemple est celui du professeur qui, d’années en années, enseigne les mêmes programmes à des élèves qui eux, se renouvellent chaque rentrée. Que se passe-t-il ? L’enseignant entre dans une « zone de confort » puisqu’il va maîtriser de mieux en mieux les connaissances qu’il transfère et créer le fossé avec ses élèves qui, par définition, sont toujours aussi novices dans la matière. C’est ainsi qu’il va exprimer l’idée que « le niveau baisse », ou que les « élèves sont de plus en plus mauvais », alors qu’il n’en est rien. C’est son expertise qui grandit sans qu’il s’en rende compte, et il ne comprend plus que ses élèves ne comprennent pas.

Sortir de la zone de confort consiste à se mettre en situation d’apprentissage. Le plus évident peut être d’enseigner à des publics plus experts et plus exigeants. Mais on peut aussi conseiller à notre professeur d’aller à un cours de rock and roll, ou de chant pour réapprendre à apprendre, et comprendre qu’on ne comprend pas.
La difficulté quand on sort de sa zone de confort, c’est de se placer face au jugement des autres. C’est perdre du pouvoir sur l’autre, ce qui n’est pas simple pour un manager.

Mais sortir de sa zone de confort, c’est aller vers les autres

En « baver » sur un enchainement de danse ou dans la lecture d’une partition met un expert-ou un manager dans le déséquilibre nécessaire pour aller vers ses collaborateurs. Non seulement, il leur montre le chemin, mais il se rapproche d’eux et gagne leur confiance.

Le véritable enjeu de « sortir de sa zone de confort » est de respecter ceux qui sont en difficulté ou qui doivent progresser. C’est l’illustration que manager c’est « être au service de ses collaborateurs » avec comme ambition leur développement personnel et professionnel.

Sortir de sa zone de confort est donc un nécessaire défi managérial ! Si ce n’est pas pour soi, c’est pour ses équipes.