Les industriels de l’agroalimentaire sont à un tournant de leur histoire. Il faut dire que les défis ne manquent pas. Je pense en particulier à la recherche de compétitivité, à une meilleure gestion des risques en matière de traçabilité ou encore à l’adaptation aux nouveaux usages et parcours d’achat des consommateurs. Or, le digital pourrait bien être la réponse à tous ces défis. À condition de s’en saisir. Car si certains acteurs ont déjà entamé une mue profonde, à l’image de Pernod Ricard ou de Danone, la plupart sont en retard selon l’étude Xerfi-Precepta. Un retard lié à la frilosité ou encore à l’incapacité à lever les freins technologiques, économiques et culturels. Ils vont pourtant devoir changer de braquet. Et vite. Faute de quoi, ils seront les grands laissés-pour-compte de la révolution numérique. Déjà, la transition numérique bouleverse les codes en matière de production. En amont, l’utilisation du bon intrant, au bon moment, au bon endroit et à la bonne dose est désormais possible grâce à l’agriculture de précision. Plus en aval, l’usine digitale permet le renouvellement des modèles productifs. Bref, le digital dans les champs et dans les usines, c’est l’assurance de gains de productivité inédits.
Pour l’instant, la digitalisation de l’industrie agroalimentaire est à peine engagée. Bien souvent, elle se résume à la communication et à la relation client, notamment via les réseaux sociaux. Mais d’importantes disparités existent selon le benchmark proposé par l’étude Xerfi-Precepta. Les deux secteurs les plus digitalisés sont ceux des vins-spiritueux et de l’épicerie. Certains secteurs accusent, eux, un sérieux retard. C’est le cas des produits laitiers, en retrait en matière de renouvellement des modes de production et de gestion des risques. Et c’est un paradoxe, vu les exigences de compétitivité depuis la fin des quotas laitiers et du besoin de réassurance des clients suites aux récents scandales.
Face au retard accumulé en matière de digitalisation, le temps de l’action est venu. Mais pour réussir sa transformation digitale, certains prérequis s’imposent aux industriels. La conduite du changement en interne est l’un d’entre eux. D’ailleurs, de Pernod Ricard à Bel, en passant par Danone ou InVivo, les acteurs les plus digitalisés ont tous engagé une véritable transformation interne. Une transformation rendue possible par une vision stratégique impulsée par le sommet de l’entreprise et qui s’appuie sur plusieurs leviers. Je pense à une redéfinition de la politique RH, à une réorganisation du travail et des pratiques managériales, à la formation des équipes aux outils et à la culture digitale. Le second prérequis pour réussir sa transformation digitale consiste à s’entourer de partenaires innovants. Et c’est là que les start-up entrent en scène par le biais de partenariats techniques, d’accompagnement via des incubateurs ou de soutien financier, voire de rachat pur et simple. On l’aura compris : les industriels qui parviendront à s’allier avec les start-up les plus innovantes auront une longueur d’avance.
Publié le jeudi 24 mai 2018 . 3 min. 11
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