Les start-up de l'IA : un gouffre financier sans fond ?

L’IA est une révolution sans modèle économique clair ; Et pourtant, l’IA générative bouleverse tout : les métiers, les industries, les chaînes de valeur, les compétences. Mais il y a une énigme que personne ne résout encore : comment gagner de l’argent avec l’IA, durablement, à grande échelle ? Les grands acteurs eux-mêmes – OpenAI, Google, Meta, Mistral – tâtonnent. Ils brûlent du cash, empilent les levées de fonds, et espèrent créer des effets de réseau avant de trouver la martingale. On est loin d’un modèle stabilisé comme celui du moteur de recherche ou du e-commerce.

L’illusion du modèle SaaS

Certes, les interfaces comme ChatGPT ou Claude s’installent dans les usages. Les abonnements à 20 ou 30 euros mensuels donnent l’illusion d’un modèle SaaS classique. Mais ce modèle est trompeur. Le coût unitaire d’usage d’un LLM est extrêmement élevé, surtout pour les modèles les plus performants. Chaque requête consomme de l’énergie, mobilise des processeurs coûteux, fait exploser les coûts d’inférence. Autrement dit : plus vous avez de clients, plus vous perdez d’argent. C’est le contraire d’un bon modèle SaaS.

Produits ou plateformes ? L’incertitude stratégique

Pour l’instant, deux stratégies s’affrontent. D’un côté, les producteurs de modèles (OpenAI, Anthropic, Mistral) veulent devenir des fournisseurs d’infrastructure cognitive. De l’autre, des intégrateurs comme Microsoft ou Salesforce cherchent à dominer l’aval, en intégrant l’IA dans des usages métiers. Entre les deux : des API, des coûts opaques, des marges incertaines. Et une question cruciale : qui captera vraiment la valeur ? Le fabricant du moteur ou celui qui fabrique la voiture ?

Le piège du gratuit

En attendant, tout le monde teste gratuitement. C’est là que la formule “quand c’est gratuit, c’est vous le produit” prend tout son sens. Les données d’usage, les prompts, les corrections humaines deviennent la matière première d’un raffinage algorithmique permanent. Mais ce modèle suppose une fuite en avant : il faut toujours plus de données, plus de puissance, plus d’investissements. Et pour quel retour ?

Une bulle… ou une révolution sans précédent ?

L’IA oscille entre trois récits : une bulle spéculative du type internet en 2001, une ruée vers l’or sans filon sûr, ou une révolution industrielle lente, comme l’électricité ou la machine à vapeur. Elle fascine, elle s’impose, elle transforme déjà les usages… mais elle n’a toujours pas trouvé son modèle économique stable.

Le vrai krach sera celui du modèle d’affaires

Aujourd’hui, tout repose sur une équation bancale : des coûts énormes, des promesses démesurées, des financements massifs par le capital-risque, et une foi quasi religieuse dans les effets de réseau. Jamais une technologie n’a été aussi largement adoptée sans que personne ne sache vraiment qui va payer, pourquoi, et combien. Ce n’est pas une bulle technologique qui éclatera, mais l’aveuglement collectif sur un foisonnement d’initiatives sans business model.