De chacal au bienfaiteur : ces philanthropes à la fin de leur vie

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi certains dirigeants d’entreprise deviennent philanthropes à la fin de leur vie ? Pour comprendre ce phénomène, trois chercheurs ont mené une étude dans laquelle ils ont soumis plusieurs versions de la biographie d’un chef d’entreprise à des participants.

Dans le premier scénario, le dirigeant était présenté comme quelqu’un d’égoïste et d’âpre au gain. Il ne faisait jamais aucun don à des organisations caritatives. Dans son entreprise, il privilégiait la rentabilité par rapport au bien-être des employés. Leurs salaires étaient plus faibles que dans les entreprises concurrentes.

Le deuxième scénario commençait de la même manière que le premier mais se terminait de manière différente. A la fin de sa carrière, le dirigeant changeait et devenait subitement altruiste et généreux. Il décidait d’augmenter les salaires de ses employés et donnait des sommes de plus en plus importantes à des organisations caritatives. Six mois après ce changement, il mourrait brutalement d’une crise cardiaque.

Dans le troisième scénario, le dirigeant était présenté comme une personne altruiste et généreuse. Il donnait des sommes importantes à des organisations caritatives. Dans son entreprise, il privilégiait le bien-être des employés par rapport à la rentabilité. Leurs salaires étaient plus élevés que dans les entreprises concurrentes.

Enfin, le quatrième scénario commençait de la même manière que le troisième mais se terminait de manière différente. A la fin de sa carrière, le dirigeant changeait et devenait subitement égoïste et âpre au gain. Il décidait de réduire les salaires de ses employés et arrêtait de faire des dons aux organisations caritatives. Quelques mois après, il mourrait subitement d’une crise cardiaque.

Comment les dirigeants ont-ils été évalués par les participants ? Deux résultats sont particulièrement intéressants. D’une part, les dirigeants qui devenaient altruistes et généreux à la fin de leur carrière (après avoir été égoïstes et âpres au gain jusque-là) ont été mieux évalués que ceux qui devenaient égoïstes et âpres au gain à la fin de leur carrière (après avoir été altruistes et généreux jusque-là). D’autre part, les dirigeants qui avaient été altruistes et généreux pendant toute leur carrière n’ont pas été mieux évalués que ceux qui le devenaient à la fin de leur carrière.

Les enseignements de cette étude sont limpides. Ils montrent qu’on peut avoir été égoïste et âpre au gain pendant toute sa carrière et passer à la postérité comme quelqu’un d’altruiste et de généreux. Pour cela, il suffit de devenir philanthrope à la fin de sa vie !

Source : Newman, G. E., Lockhart, K. L., & Keil, F. C. (2010). “End-of-life” biases in moral evaluations of others. Cognition, 115(2), 343-349.