Le 14 avril 1912 vers minuit, le Titanic a heurté un iceberg dans l'Atlantique Nord. Il a coulé deux heures et quarante minutes plus tard. Il y avait 2.224 personnes à bord mais seulement 1.178 places dans les canots de sauvetage. Les eaux étaient glaciales et il était impossible d’y survivre plus de quatre minutes. Le Carparthia, un navire qui se trouvait à quatre heures de distance, parviendra finalement à sauver 705 passagers. A votre avis, aurait-il été possible de sauver plus de monde ? Si oui, comment ?
Lorsqu’on cherche à résoudre un problème, on commence généralement par se fixer un objectif : « sauver le plus de passagers possible » dans le cas du Titanic. Puis, on évalue les ressources dont on dispose pour atteindre cet objectif : les canots de sauvetage dans le cas du Titanic. A première vue, la solution est évidente : mettre le maximum de passagers dans les canots de sauvetage. Mais il y avait beaucoup d’autres solutions. Deux obstacles ont empêché l’équipage du Titanic de les identifier.
Le premier obstacle est appelé « fixation sur l’objectif ». Pour le surmonter, il faut reformuler le problème. Dans le cas du Titanic, « comment sauver le plus de passagers possible ? » aurait pu être reformulé de la manière suivante : « comment maintenir le plus de passagers possible hors de l’eau glaciale jusqu’à l’arrivée des secours ? »
Le deuxième obstacle est appelé « fixation sur la fonction ». Il nous empêche de voir toutes les manières dont une ressource pourrait être utilisée pour atteindre un objectif. Deux techniques permettent de le surmonter. La première technique consiste à décomposer un objet et à se demander comment ses composantes pourraient être utilisées pour résoudre le problème. On estime qu'il y avait 40 voitures à bord du Titanic. Leurs 160 pneus auraient pu être utilisés comme canots de sauvetage. Les portes des cabines du navire auraient également pu être utilisées comme passerelles reliant plusieurs canots de sauvetage. Les passagers auraient pu grimper dessus en attendant les secours. La deuxième technique consiste à décrire un objet de la manière la plus générique possible. Lorsqu’on considère qu’un iceberg est une surface flottante de grande taille, on se rend rapidement compte qu’il peut être utilisé pour maintenir des passagers hors de l’eau. Quand on y repense, c’est assez évident. Comme on l’a indiqué, le Titanic n’a pas immédiatement coulé. Les canots de sauvetage auraient pu être utilisés pour transporter les passagers sur l’iceberg. Celle solution peut paraitre « tirée par les cheveux » mais elle est tout à fait plausible. Soixante ans avant le naufrage du Titanic, 127 des 176 passagers d’un bateau qui avait coulé dans le golfe du Saint-Laurent avaient réussi à survivre en grimpant sur une banquise.
Pour résoudre un problème, il faut donc apprendre à surmonter deux obstacles : la fixation sur un objectif et la fixation sur la fonction. Sinon, on restera cantonné aux solutions les plus évidentes … qui sont rarement les plus élégantes.
Source : McCaffrey, T., Pearson, J. (2015). Find innovation where you least expect it. Harvard Business Review, 93(12), 82-89.
Publié le mardi 01 octobre 2024 . 3 min. 25
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