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Si vous vous intéressez à l’athlétisme, vous savez sans doute que le record du monde du saut en hauteur a été battu sept fois dans les années 1960. La plupart des gens attribuent ce phénomène à l’invention du « Fosbury flop » (ou rouleau dorsal), une technique mise au point par l’athlète américain Dick Fosbury. Comme elle était plus efficace que la technique traditionnelle (le rouleau ventral), elle a dû lui permettre d’enchainer les records du monde.


Les choses sont un peu plus compliquées. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, Dick Fosbury n’a jamais battu le record du monde de saut en hauteur. Les records du début des années 1960 sont l’œuvre de deux athlètes oubliés : l’américain John Thomas et le soviétique Valeriy Brumel … deux adeptes du rouleau ventral.


Revenons à Dick Fosbury. Après s’être essayé (sans succès) au rouleau ventral, il décide de mettre au point sa propre technique. En 1968, il est sélectionné pour les jeux olympiques de Mexico. Valeriy Brumel domine alors très largement ses concurrents et la médaille d’or lui semble promise. Mais un terrible accident de moto le contraint à renoncer à sa carrières d’athlète de haut niveau. Avec sa technique inhabituelle, Fosbury gagne la médaille d’or. C’est la « star » des jeux olympiques de 1968 ! Dans les années qui suivent, le record du monde du saut en hauteur sera battu à plusieurs reprises, aussi bien par des athlètes utilisant le « Fosbury flop » que par des athlètes utilisant le rouleau ventral. Il faudra attendre les années 1980 pour que le « Fosbury flop » devienne la technique de référence.


Quels enseignements peut-on tirer de cette histoire ? Premièrement, les innovations mettent toujours du temps à s’imposer. Il a fallu des années à Fosbury pour peaufiner sa technique et les autres athlètes ne l’ont pas immédiatement adoptée. Deuxièmement, le timing est crucial. Au milieu des années 1960, les matelas de saut en hauteur en mousse ont fait leur apparition dans les stades américains. Sans eux, les risques d’accident liés à l’utilisation du « Fosbury flop » auraient été beaucoup plus élevés. Troisièmement, la chance a joué un rôle non négligeable dans l’avènement du « Fosbury flop ». Sans l’accident de Valeriy Brumel, Fosbury n’aurait pas gagné les jeux olympiques et que sa technique serait probablement tombée dans l’oubli. Innover est donc tout sauf une promenade de santé !

Source : Birkinshaw, J., Ridderstråle, J. (2017). Fast/forward: make your company fit for the future. Stanford University Press.


Publié le vendredi 20 septembre 2024 . 2 min. 41

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