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L’Euro 2016 est une compétition prestigieuse, mais c’est aussi – et surtout – un formidable système de valorisation des actifs. Je pense bien entendu ici aux stars du foot business. En plein période de transferts, le fameux mercato, c’est pour les joueurs une opportunité décisive pour faire flamber leur valeur marchande. Et pourtant, même dans les équipes qui seront sur le podium, certains parviendront à rafler la mise, tandis que d’autres retomberont vite dans l’anonymat. Et ne croyez pas que ce n’est qu’une question de performance individuelle ! Pour mieux comprendre, je vous propose un rapide décryptage des mécanismes de création et de capture de valeur dans le foot business.

 

La création de valeur tout d’abord. L’Euro est une compétition qui confronte des formations composées de joueurs professionnels salariés en amont par des clubs. Des clubs qui bénéficient chaque année d’un afflux massif de liquidités, ne serait-ce que du fait de l’inflation continue des droits de diffusion et du sponsoring. En vérité, il y a une véritable bulle financière du football qui n’est pas sans lien avec celle qui alimente le prix du marché des actifs. C’est cette bulle qui alimente, par l’intermédiaire des clubs, le marché des transferts et la rémunération des joueurs.

 

Enfin, de certains joueurs pour être plus précis. Le palmarès des 30 transferts les plus importants de l’histoire est, à ce titre, édifiant : jamais encore on n’avait vu pareille concentration de transferts engageant de tels montants. L’accélération à l’œuvre surpasse même la dynamique du début des années 2000, période déjà marquée par l’éclatement d’une autre bulle financière et footballistique. En l’absence de krach, il y a ainsi fort à parier que les transferts record de Christiano Ronaldo ou Gareth Bale seront battus à l’issue de l’euro !

 

Pour bien comprendre, il faut raisonner en termes de capture de la valeur. L’analyse du top 10 des joueurs de foot les mieux payés de la planète appelle en effet 3 constats :

 

1) Les joueurs les mieux rémunérés sont souvent ceux qui ont coûté le plus cher à acquérir.

 

2) Ces joueurs jouent dans les clubs les plus riches ou les plus influents.

 

3) Enfin, si on compare les rémunérations de ce Top 10 aux revenus moyens perçus par les joueurs professionnels de L1 et de L2, respectivement 540 et 200 K€, on ne peut que constater une énorme disparité entre les stars du football et le commun des joueurs.

 

Didier Demazière explique ce phénomène d’accaparation des richesses par une minorité de joueurs par un jeu de concurrence inversée. Pour faire simple, au sommet de l’iceberg se trouvent quelques stars et quelques clubs puissants. La capacité d’accueil de ces clubs est globalement supérieure au nombre de stars. C’est ce que les économistes appellent « un oligopsone » : dans cette situation, ce sont les joueurs de foot et leurs agents qui sont en mesure de dicter leurs conditions salariales et le montant des primes de transfert. Et bien sûr, les sponsors et les médias se les arrachent.
Mais comme chacun le sait, 90% de la masse de l’iceberg est plongée en dessous de sa ligne de flottaison. Et c’est bien là que l’on retrouve la très grande masse des joueurs. Des footballeurs professionnels relativement anonymes et substituables, engagés dans une concurrence féroce pour dégoter un contrat, alors même que le nombre de clubs professionnels est limité.

 

Vous l’aurez compris, le rapport de force est ici inversé. Il est en faveur des clubs et pas des joueurs. Et pour la plupart, il faut composer avec des contrats précaires – 17 mois en moyenne –,des carrières erratiques et courtes, parfois des périodes prolongées de chômage, et des reconversions parfois dramatiques.

 

Alors, certains se diront que les techniques modernes de big data pourraient objectiver la valeur des joueurs de foot, et expliquer les disparités. Et bien non : un joueur de foot bankable, ce n’est pas qu’une modélisation de statistiques flatteuses ! Il y a trop de critères subjectifs et non quantifiables qui viennent contrebalancer les critères de performance. On peut évoquer pêle-mêle le sens du leadership, la vision du jeu, l’esprit d’équipe, le professionnalisme, voire même l’esthétique ou le glamour d’un joueur : pensez à David Beckham !

 

Et puis, pensez aussi à ce qui se passe en coulisses, où se joue une autre partie : un véritable poker menteur entre les clubs, les joueurs et surtout une catégorie d’acteurs de l’ombre essentielle : je veux parler des agents.

 

Ces agents jouent en effet un rôle majeur dans la fixation des montants de transferts. Leur stratégie est simple : se poser en intermédiaire de confiance entre les clubs, qui espèrent réaliser un bon investissement, et les joueurs qui cherchent à optimiser leur plan de carrière sur les aspects financiers et sportifs. Quelques agents parviennent d’ailleurs à tisser des liens de connivence si étroits avec certains clubs qu’ils en préemptent les débouchés pour leurs poulains.

 

Dans le meilleur des mondes, les intérêts des 3 parties sont alignés. Mais il arrive parfois que l’agent joue de toute son influence - ou d’intox - pour imposer ses conditions, quitte à mettre en concurrence les clubs ou les joueurs de sa propre écurie. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si une grande partie des transferts se conclue au dernier jour du mercato : les négociations sont souvent âpres et tous les coups sont permis.

 

Comme souvent en stratégie, c’est l’analyse des rapports de force au sein de la chaine de valeur qui explique le mieux le prix des actifs et la capacité de ses acteurs à capturer de la valeur, pas leurs performances objectives ! Il faut analyser la structure du marché et sa segmentation stratégique. On comprend alors mieux que dans le petit groupe stratégique des stars, il ne peut pas y avoir beaucoup de Messi, Ronaldo, Neymar…. et de nouveaux élus de l’euro 2016.


Publié le lundi 27 juin 2016 . 5 min. 37

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