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France : les signes du sursaut

Publié le mercredi 24 avril 2013 . 17 min. 30

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L'association Institut Xerfi et Xerfi Canal présente l'analyse de Laurent Faibis, président de Xerfi

Vous l'avez compris. Le cœur de notre message c'est que la révolution de l'Iconomie est en train de se déployer inexorablement, envers et contre tous, avec ou sans l'Etat. L'Iconomie c'est une révolution menée par la base, avec une avant-garde d'agitateurs. Ces révolutionnaires sont des entrepreneurs qui inventent des business models imaginatifs, des applications concrètes pour des technologies, de nouveaux usages pour les consommateurs. Des entrepreneurs qui bouleversent aussi la conception de l'entreprise. Ils s'organisent en plateformes collaboratives ouvertes en lieu et place des structures hiérarchiques cloisonnées des grands groupes. Des entrepreneurs qui ont compris qu'ils doivent ouvrir leurs structures, interagir avec leur environnement, canaliser et partager l'intelligence. Pour réussir, il leur faut casser les frontières, les frontières entre industrie et services, les frontières entre l'offre et l'utilisateur, entre le marchand et le non marchand. Nos révolutionnaires de l'Iconomie sont en de train briser les conventions de l'économie du siècle dernier. Ces entrepreneurs de l'Iconomie défient la conjoncture et la récession dans la zone euro. Le zéro de croissance et la baisse de l'investissement en France n'est qu'une moyenne qui masque le soulèvement d'une génération d'entreprises qui parvient à vaincre le défaitisme ambiant. Nous avons en avons évoqués quelques-uns : les Withings, Lippi, Oxylane, Somfi, Axon… ce ne sont que des exemples révélateurs de la France qui bouge. Alors bien sûr, ne nous le cachons pas, la France est en retard dans cette révolution. Et, je vous l'accorde, nos institutions ont une grosse part de responsabilité dans ce retard français. Cela ne date pas d'un an, cela vient de loin. Mais ce que nous apprend heureusement l'histoire des révolutions industrielles, c'est que la chape institutionnelle cède tôt ou tard sous la pression des forces du changement. Les institutions et les idéologies, seront bousculées sous la poussée inexorable des nouvelles forces productives, je devrais dire ici de la nouvelle intelligence productive. Nous entrons dans la 6ème année de crise. Le grand danger d'une longue crise, j'aurais pu dire d'une crise durable, c'est de détruire des compétences de façon irréversible. C'est de fragiliser ceux qui prennent le plus de risque. C'est aussi d'encourager les grandes entreprises matures, à s'éloigner toujours plus du territoire pour produire moins cher et conquérir des marchés plus dynamiques… Mais ces grands paquebots, surtout ceux encore ancrés en France, ne sont pas forcément le fer de lance de la révolution Iconomique. Leur logique c'est d'optimiser leur chaîne de valeur à l'échelle mondiale, en mobilisant le capital, le travail, les matières premières, les technologies, la demande là où le gisement est le plus favorable. Ne nous y trompons pas : la France ne sera plus que l'un de leurs marchés, et surtout qu'un maillon d'une chaîne de valeur globalisée. Je ne voudrais pas trop abuser de la veille corde Schumpetérienne de la destruction-créatrice. Et pourtant, il est vrai qu'un vieux monde, de vieilles conceptions de l'organisation, de vieilles technologies, de vieilles institutions sont à bout de souffle. Ce régime de croissance en crise n'a pu survivre qu'à coup de dévalorisation du travail pour baisser les coûts, de fuite en avant dans le crédit pour soutenir la consommation, de déficits budgétaires pour éviter l'effondrement des banques et de la demande. Pendant ce temps, il faut le souligner, l'investissement a chuté. Il a baissé de 16 % dans la zone euro depuis 2008. Mais la crise a au moins le mérite de révéler ces tours de passe-passe. Et nous avons désormais conscience que cela ne peut plus durer. Et pourtant une inflexion s'est produite au milieu des années 70 qui produit aujourd'hui un flux continue d'avancées dans les technologies de l'information, les biotechnologies, les nanotechnologies, la robotique et bien d'autres domaines. Une révolution technique qui est en train d'engendrer un courant d'innovation sans précédent et provoque des ruptures qui constituent autant d'opportunités pour des entreprises dynamiques. Sur un plan scientifique et technique, la France n'est pas la plus mal placée. Alors, acceptons quelques instants d'accorder quelques vertus à cette crise. Observons quelques instants les énergies créatrices qui se libèrent sous nos yeux. Juste quelques exemples. La crise a le mérite de ralentir la grande pompe aspirante des grands groupes, de la finance et de l'Etat en matière de hautes qualifications. La garantie de carrière et de salaire n'est plus la même que dans un passé récent. Les trajectoires sont moins pré-écrites et ce n'est pas forcément un mal. Small is beautiful, cette fois-ci c'est peut-être vrai. L'iconomie dispose de la sorte d'un gisement de compétences dans les diplômés de nos meilleures écoles et universités. Une partie de nos élites souhaite désormais inventer son destin plutôt que suivre les chemins balisés des carrières toutes tracées. Elle découvre par nécessité le chemin de la PME ou de l'entrepreneuriat. Et puis, il faut prendre conscience que nous vivons une rupture générationnelle fabuleuse. Si l'Iconomie et le numérique sont au mieux une second langue pour ma génération, mais aussi celles qui suivent, c'est la langue maternelle de ces classes d'âges qui sont tombées dès la naissance dans la marmite du Web. Ces générations pour qui les réseaux sociaux et les prothèses numériques sont indispensables à leur quotidien. Cette classe d'âge comprend instinctivement les usages des nouveaux outils, saisit spontanément les opportunités induites par la mobilité et l'ouverture des systèmes. C'est une génération qui fonctionne en mode réseau, et pas seulement pour gérer sa carrière. Une génération qui sait conjuguer compétition avec coopération, car un réseau ne fonctionne efficacement qu'en mode ouvert. Soulignons enfin, que parmi les pays européens, c'est en France que par la grâce de notre natalité, cette classe d'âge est la plus nombreuse. C'est en France que la marée est potentiellement la plus forte pour renverser les conservatismes. La France dispose aussi de compétences rares et précieuses dans ce nouveau monde Iconomique. Elle excelle dans les mathématiques. Un atout considérable au moment même où le big data devient un enjeu de premier ordre. C'est l'un des grands défis informatiques de la décennie 2010-2020. Selon l'institut McKinsey, à l'horizon 2016, 200.000 data scientists, sachant extraire du sens à partir de données complexes, manqueront sur le marché. Elle excelle aussi dans la production de soft… autre atout considérable à l'heure même où les objets deviennent intelligents et embarquent de plus en plus d'informatique. Nous pourrions faire un inventaire des domaines dans lesquels la France dispose de compétence uniques. Je ne citerai ici, pour dernier exemple, que notre savoir-faire dans la gestion de réseaux industriels et de services, où nos compétences sont reconnues dans le monde entier. Oui, nous avons des compétences à faire valoir, une valeur ajoutée très consistante à apporter à la révolution hyper-industrielle de l'Iconomie qui se déploie sur toute la planète. Mais nous ne sommes plus au temps des grandes filières industrielles qu'un seul pays, qu'une seule entreprise peut maîtriser de bout en bout. La globalisation est passée par là, des puissances émergentes ont fait irruption, de nouveaux acteurs technologiques maîtrisent des savoir-faire ou des produits qu'il serait vain de vouloir rattraper ou imiter. Il ne s'agit pas aujourd'hui d'optimiser grâce aux avantages comparatifs la production de drap et de vin, n'en déplaise à Ricardo. La réalité, c'est que les chaînes de valeurs des produits sont mondiales, les savoir-faire et les technologies interdépendants. La réalité c'est que certains pays polarisent des avantages sur des maillons spécifiques de la chaîne de valeur. La conséquence, c'est que dans tout bien exporté, il y a beaucoup de bien et de services importés. La vraie question, c'est d'être en mesure d'injecter une valeur ajoutée décisive dans cette économie-monde, en faisant de notre territoire national un maillon incontournable du système mondial de création de la valeur. Là aussi, nous avons de solides atouts. Nous avons celui de l'attractivité exceptionnelle de notre territoire par son patrimoine et sa diversité. Nous avons aussi l'une des deux seules métropoles de rayonnement mondiale localisées en Europe. Nous devons en faire une arme stratégique de capture de la valeur, car c'est un avantage décisif pour attirer les élites créatives du monde entier. Il faut mesurer la portée de cet avantage quand on sait que lon peut aujourd'hui piloter une plateforme ou un réseau de n'importe où, quand on sait aussi que l'élite innovatrice et entrepreneuriale a besoin de se fréquenter… et de préférence dans des endroits agréables. Cette élite révolutionnaire qui est aussi à la recherche de stimulation, de sérendipité. Oui, sérendipité, un concept anglais bien difficile à traduire dans notre langue, dans le pays de Descartes. La sérendipité c'est la découverte de quelque chose par accident, c'est la trouvaille inattendue, c'est la lumière qui apparait dans le brouillard, c'est la capacité à tirer parti de l'imprévu. Dans le monde de l'Iconomie, la créativité est autant une affaire de hasard que de nécessité, un hasard des rencontres qu'un pays attractif doit savoir favoriser. Il faut donc stimuler tout ce qui peut contribuer à insérer nos entreprises dans le fantastique maillage de l'économie mondiale en leur permettant de produire de la forte valeur ajoutée et de prélever un prix avantageux dans les flux mondiaux de biens et services. Répétons-le, importer n'est pas une menace si cela nous permet de réexporter un produit ou un service incorporant un savoir-faire français spécifique, chèrement vendu, parce que, sur le marché mondial, payer cher ce travail est avantageux pour toutes les parties. Pour cela, nous ne pouvons pas nous contenter des incantations sur l'exigence d'une montée en gamme. Sur la base de nos compétences rares, l'enjeu, aujourd'hui est de pénétrer les process de production qui se déploient dans les réseaux mondiaux de production, quels que soient leur drapeau. Les objets embarquent de plus en plus de soft, de plus en plus de matériaux nouveaux, de plus en plus de nano-composants, rares et incontournables, de plus en plus de services qualifiés aussi…Les PME françaises doivent investir ces créneaux. Devenir elles aussi, incontournables, irremplaçables. C'est ainsi qu'elles capteront de la valeur… Sur quels marchés se joue le développement de nos PME de l'Iconomie ? Sur l'invention de nouveaux usages… on l'a dit, répété. S'inscrire dans les nouveaux besoins liés au vieillissement, à la sécurité, à la santé, à la logistique. Arrêtons-nous là : en vérité, la liste est illimitée tant l'Iconomie permet de rénover les process et redistribuer les cartes dans un nombre incalculable d'activités.… L'entrepreneur n'est pas forcément en pointe de la technologie. Son talent en revanche, c'est comme l'artiste d'assembler des matières, des mots, des notes ou des couleurs, pour fabriquer une nouvelle composition, pour entrevoir une rupture et le monde d'après là où d'autres ne veulent reconnaissent que le monde d'hier. La conclusion de ma conclusion, c'est que nous avons un besoin indispensable et urgent d'une multitude d'initiatives entrepreneuriales, pour tirer parti des opportunités offertes par l'Iconomie. Nous avons besoin d'entreprises de toutes tailles qui savent se rendre indispensables dans le système de valeur de la production mondiale. Nous avons besoin de vrais entrepreneurs pour créer et développer ces entreprises. Nous avons aussi besoin d'un Etat-stratège qui après deux décennies perdues comprenne enfin que sa priorité doit être de créer les conditions économiques, sociales, financières, fiscales, humaines pour que le retour du goût d'entreprendre que nous sentons vibrer se transforme en raz-de-marée d'initiatives innovantes. Et qu'importe si la plupart de ces projets échoueront ? Il n'y a pas de succès sans tentatives, et pas de tentatives sans échecs. C'est le prix à payer pour l'évolution, on le sait. Dans ce pays qui a trop longtemps vécu dans la nostalgie de la grandeur, nous avons besoin d'une avalanche de projets fous. Il nous faut enfin comprendre qu'en période de mutation violente, c'est parmi les projets fous que se cachent les sources du rebond.

Laurent Faibis, France : les signes du sursaut, une vidéo Xerfi Canal




 







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