En premier, je pensais que SWOT était une insulte, peut-être new-yorkaise du Bronx, « swot you » pour signifier « dégage ». Ce mot dans l’argot anglais veut dire bûcher, travailler dur et swotting « écrasant », belle prémonition de l’acronyme. Mais notre SWOT dans sa réalité est bien pire.
L’analyse SWOT, en anglais acronyme de Forces Faiblesses Opportunités Menaces, y compris dans sa version SOAR pour Aspirations et Résultats, consiste à mettre ces composantes de l’entreprise ou de toute entité dans quatre cases distinctes, une sorte de trèfle à quatre feuilles de la firme. L’exercice est plutôt plaisant car aisé. C’est un moment pendant lequel on dit tout le bien et le mal que l’on pense de son entreprise, avec une protection méthodologique éprouvée qui observe l’interne de l’organisation – S et W – et l’externe.
Emporté par l’élan, l’analyste aura vite fait de transformer ce carré en pavé massif, dont le nombre d’items atteint souvent la vingtaine, et rend le SWOT totalement indigeste. C’est un grand désordre segmenté dans quatre pièces isolées les unes des autres et étanches. Les meilleurs diront utiliser nos forces, limiter nos faiblesses, saisir les opportunités et éviter les menaces mais très vite l’impact budgétaire et humain devient une censure matérielle et pratique. Le beau trèfle à quatre feuilles devient luzerne indigeste et la réunion chronophage tourne dans le vide... Swot you, exit, fin de la réunion pendant laquelle on rattrape son retard de mails. L’exposé même dynamique endort l’assistance et le soufflé retombe bien vite faute de direction claire.
Je recommande alors un léger traitement utile et humain, très simple et qui fait appel à la compréhension de chacun. Croisez S et O et formulez simplement ce qui y figure, vous avez votre zone d’efficacité où il faut aller, à l’inverse du T et W simultanés zone de danger à éviter, enfin les croisements sont des décisions engageantes, S et T ainsi que O et W.
Non seulement le nombre d’éléments à considérer chute mais c’est une bonne nouvelle car on se recentre sur les vrais enjeux de décision, clairement posés et parfois révélés dans leur simplicité retrouvée.
Je pensais aussi que OGM appliqué à la firme et non aux semences était l’acronyme de Organisation Génétiquement Modifiée, dans ses valeurs, en profondeur, une refondation d’entreprise. C’est alors que la qualité génétique de l’organisation se pose : avons-nous le bon ADN d’entreprise pour engager ces décisions, devons-nous modifier cet ADN et créer une Organisation Génétiquement Modifiée. Deux méthodes sont possibles. En premier le bombardement de nos gênes par des gènes extérieurs différents jusqu’à ce que la greffe prenne, méthode violente coûteuse et risquée. Ou alors croiser avec patience et lucidité les gènes internes pour améliorer les caractéristiques de notre organisation, méthode parfois trop lente il est vrai. La combinaison des deux risque d’être très coûteuse.
Alors commençons par regarder simplement comment le SWOT croisé nous incite à modifier notre ADN.
Publié le mardi 17 septembre 2024 . 4 min. 01
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de Laurent Maruani
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