Quel est le véritable rôle du dirigeant aujourd'hui ?

Presque tout a déjà été dit sur le profit comme but ultime de la firme. Cet énoncé ne définit plus à lui seul le rôle d’un dirigeant. Mais l’approche qui consiste à lui rajouter des objectifs internes, ROCE ou taux d’accidents du travail, ou externes, contribuer à la planète et les empreintes actuelles et futures, sont plus des figures d’action sur l’entreprise elle-même que des incitations comportementales visant le dirigeant. Ce dernier fait souvent rédiger par autrui, sa communication en particulier, ses déclarations vibrantes sur la RSE.

Nous proposons alors à ce dirigeant de se comporter certes de façon politiquement vertueuse, à défaut d’un consensus moral clair, mais surtout de respecter la règle des 3C : créer, capitaliser, connecter.

Ce dirigeant, vous le voyez immédiatement, n’est plus dans l’ordre de l’autorité hiérarchique violente et sans appel mais dans l’accompagnement intelligent des actionnaires, du personnel, des stakeholders et des clients.

Le dirigeant doit donc créer capitaliser et connecter

Créer : le dirigeant doit en premier lieu créer du sens et du sens transmissible et ne pas s’en tenir à l’offre de biens et services classique.

Les slides ou les discours convenus préenregistrés donc asynchrones ne sont pas adaptés aux plus jeunes ni même à personne, nous nous sommes tous tellement ennuyés avec cette dictature PowerPoint Excel. Cette dictature est d’ailleurs soutenue par les plus jeunes en entreprise qui y trouvent protection et affirmation de leur parole.

Le direct, même moins peaufiné, aura plus d’impact. Préparez-vous à improviser sans arrogance ni balbutiements qui auraient des effets négatifs. Donnez et transmettez du sens, sans l’imposer, en respectant la liberté de vos interlocuteurs quels qu’ils soient, y compris de nombreux crans hiérarchiques sous le vôtre.

Capitaliser : le sens de l’action doit s’inscrire et se capitaliser dans un respect du passé, un enthousiasme du présent et une vision motrice du futur.

C’est cela qui définit une capitalisation dynamique et permet de rythmer les rapports annuels.
Le dénigrement du passé (« une page est tournée ») est démobilisateur, la crainte du présent et de son chef aussi, le futur utopique provoque le découragement. Montrer la véritable capitalisation, certes financière mais aussi humaine et aussi commerciale

Connecter : plutôt que de contrôler, punir et récompenser des collaborateurs isolés dans les terribles entretiens individuels d’évaluation, dont on sort souvent découragé, les dirigeants devraient plutôt connecter les collaborateurs entre eux, les inciter à échanger directement. Ils en seront plus adaptables, mobiles et motivés.

Voici des propositions concrètes :

Le Dirigeant doit donc Arrêter
• De parler depuis son bureau, avec, pour faire moderne, le col ouvert
• D’annoncer les mauvaises nouvelles en souriant
• De parler d’efforts surtout s’il revient bronzé des îles ou de son manoir
• De ne parler que de résultats, d’investissements et d’indicateurs clés
• De vouloir tout ramener au développement durable et citoyen
• De donner le profit et les KSF comme seules issues au travail
Il doit essayer de créer, capitaliser et connecter, donc
• Laisser au sein de son discours la parole à d’autres que lui-même, ses chouchous et ses jeunes hauts potentiels issus de la même école au discours plus que conventionnel et qui souvent pourrissent les espoirs d’autrui et les relations professionnelles
• Trouver de lieux de parole surprenants et familiers y compris hors l’entreprise
• Montrer les sens, les capitalisations par des exemples à valeur symbolique car accessibles
• Ouvrir une cellule de suivi des toutes les réactions à ses interventions et qui agissent dans le sens de la connexion et non du top down
• Proscrire certaines expressions : « merci pour vos efforts » « une nouvelle page se tourne » « nous devons être plus agies » « nous devons poursuivre et accentuer nos efforts » et toute expression sans âme.
Y êtes-vous prêt ? Attention, ça ne plait pas toujours aux investisseurs.