Survivre face aux erreurs stratégiques de la DG

Les options stratégiques de votre entreprise, acclamées lors d’une Convention sur site relayée en Visio vous semblent mauvaises et même dangereuses. Que faites-vous ? Cette question pourrait sembler étrange dans nombre de pays habitués à ne jamais contester la parole du chef. Mais imaginons que vous ayez le choix. Voici quelques visages qui incarnent quelques attitudes, y-en-a-t-il un qui vous ressemble ?

- Pour Monsieur Benny We-we, la vie est belle et le buffet bien garni. Allons boire un coup, du jus de fruit bio sans doute, et à la moindre amorce de discussion critique, Benny esquivera le débat, ou dira qu’il faut faire le maximum pour que cela réussisse, car nous avons une stratégie claire. Benny interviendra presque toujours en référence à la stratégie énoncée lors de cette Convention. Sa vie privée, sa pensée, ne sont pas affectées – en est-on sûr ?- bien qu’il pense à l’opposé de ce qu’il dit. Si les résultats sont bons, il dira avoir eu raison de faire confiance, et, dans le cas contraire il se fera oublier ou accusera les mauvaises volontés, ou le retournement du marché, qu’importe. Benny est lisse et progresse dans toutes les eaux.

- Pour Madame Manon Passa, c’est inimaginable. Quelle erreur, on va dans le mur, c’est inapplicable, théorique et pratiquement à l’inverse de ce qu’il faudrait faire. Manon a deux attitudes possibles. La sincérité ne payera pas car l’institution est toujours plus forte que ses membres et elle sera réduite au silence ou à l’isolement, classée risquée par les gestionnaires, même si elle dit juste. Une seule exception à cela, si Manon a des appuis forts au Conseil d’Administration qui vise à remplacer le Président actuel et la promouvoir, cas bien rare. L’autre solution pour Manon est de nature politique. Elle peut chercher en quoi cette stratégie peut servir ses intérêts personnels et l’appliquer dans ce sens uniquement, et en y faisant référence afin de ne pas montrer son ambition de façon trop visible.

Dans pratiquement toutes les situations de désapprobation de la stratégie, les chefs n’en sauront rien. Tout sera lisse, adopté, référencé et les phrases clés de cette stratégie encombreront les slides, animations et introductions diverses à toutes les actions entreprises.

La direction générale, en charge de la stratégie, ne risque rien d’autre que l’échec, qu’elle saura, à l’instar de la politique, habiller d’un nouveau plan de type « Forward », en avant.

Désespérant ? Non puisque l’on apprend, paraît-il, de ses échecs, lorsqu’ils ne vous tuent pas, et l’on voit de grandes entreprises autocratiques glisser par pans entiers dans la faillite, faute d’avoir laissé les nuances et alternatives s’exercer. La stratégie est à l’opposé de la diversification des risques. C’est pour cela que ma stratégie préférée, qui plait aux investisseurs d’ailleurs, est l’opportunisme rationnel … sur lequel nous reviendrons sans doute.